L'écriture inclusive
Un débat

Un débat comme le monde entier doit certainement nous l’envier. Des exagérations de tous les côtés.
Certains font peur en déclarant que l’œuvre de La Fontaine devra être entièrement réécrite en écriture inclusive ! Que cette écriture va fabriquer des « crétins » ! Que la langue serait « en péril mortel » ! D’autres que les inégalités Homme/Femme seront réglées (ou presque) par cette nouvelle façon d’écrire !
Cette polémique rappelle celle sur la féminisation des mots désignant des professions.
Peut-être « faut-il laisser du temps au temps » et permettre un débat serein. Les positions successives de l’Académie Française devrait nous y inviter.
En effet en 2002, l’Académie Française qualifiait les "néologismes comme agente, cheffe, maîtresse de conférences, écrivaine, autrice" de véritables "aberrations lexicales" et demandait de ne pas employer les mots "députée" ou "sénatrice" (voir la déclaration ICI).
Or en 2014, cette même Académie Française revenait en partie sur sa position intransigeante en déclarant que "rien ne s'oppose" à ce que, à la "demande expresse des individus", les appellations "soient féminisées ou maintenues au masculin générique selon le cas". Mais cela seulement dans la "vie courante", et non dans les textes officiels ‘(voir déclaration ICI).
Enfin en 2019 l'Académie change totalement de position et accepte la féminisation des noms (ICI)
Nous mettons ci-dessous à votre disposition quelques liens pour vous forger peut-être une opinion.
L’écriture inclusive c’est quoi ?
- https://www.franceinter.fr/societe/une-nouvelle-facon-d-ecrire-pour-en-finir-avec-les-inegalites-femmes-hommes
- https://leconjugueur.lefigaro.fr/blog/ecriture-inclusive/
- http://www.ecriture-inclusive.fr/
- http://www.sudouest.fr/2017/10/12/qu-est-ce-que-l-ecriture-inclusive-et-pourquoi-pose-t-elle-probleme-3856018-4699.php
Le Manuel d’écriture inclusive :
Et en vrac des POUR, des CONTRE, des articles informatifs
- https://www.franceculture.fr/societe/dominique-bona-de-l-academie-fran%C3%A7aise-l-ecriture-inclusive-porte-atteinte-a-la-langue-elle-meme
- https://francais.rt.com/france/44992-horrifiee-par-ecriture-inclusive-academie-francaise-sonne-alarme
- https://www.slate.fr/story/153483/ecriture-inclusive-accord-proximite-enseignantes-enseignants
- http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2017/10/27/de-lecriture-inclusive-et-compagnie/
- http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/07/egalite-femmes-hommes-l-ecriture-dite-inclusive-un-sujet-qui-divise_5197770_3224.html
- http://www.francetvinfo.fr/societe/tout-comprendre-a-l-ecriture-inclusive-que-les-antifeministes-adorent-detester_2340203.html
- https://www.slate.fr/story/153483/ecriture-inclusive-accord-proximite-enseignantes-enseignants
- http://www.europe1.fr/societe/le-masculin-lemporte-sur-le-feminin-une-regle-qui-na-pas-toujours-existe-3485978
écriture inclusive : le point de vue d'Eliane Viennot

Deux articles parus sur le site 50/50 (le magazine de l'égalité femmes / hommes)
L'auteure :
Eliane Viennot est professeuse émérite de littérature de la Renaissance, historienne spécialiste des relations de pouvoir entre les sexes en France. Elle fut l’une des fondatrices de l’Institut Emilie du Châtelet. Militante féministe depuis les années 1970, elle a milité au MLAC, pour la parité, et pour l’institutionalisation des études féministes (ou «de genre»). Elle est l’une de celles qui, en France, a le plus contribué à sortir de l’ombre des mots qui existaient au Moyen-Age, à mettre en lumière les femmes grâce à l’écriture inclusive.
- “La langue d’autrefois est bien moins sexiste qu’aujourd’hui” (31/10/2019)
- “Il faut montrer que le langage égalitaire est à notre portée”(12/11/2019)
Le Covid-19 s’attaquerait-il aussi à la langue française ?

Un article d'Eliane Viennot, historienne de la littérature et critique littéraire, professeure émérite de littérature française de la Renaissance à l'université Jean-Monnet-Saint-Étienne. Texte paru sur le site "site TheConversation".
« Coronavirus : la crise sanitaire exacerbe la fracture sociale et politique », titrait récemment Le Monde, résumant une vérité que des dizaines d’articles déclinent depuis deux mois, et que tout le monde vit en live ces temps-ci. Mais si les analyses ne passent plus guère sous silence l’étonnante capacité des métiers massivement féminisés à être pénibles, mal payés, non reconnus pour les compétences qu’ils exigent, et néanmoins « en première ligne » en raison de leur utilité, bien peu s’interrogent sur la manière dont on parle des femmes qui les exercent, et plus largement dont on parle des femmes et des hommes qui font l’actualité. Manière qui participe pourtant de l’exacerbation en question, tout en la révélant.
Alors que la langue française offre quantité de ressources permettant de s’exprimer sans sexisme, l’idéologie selon laquelle le masculin est « le genre le plus noble », théorisée sous Richelieu et relookée sous la IIIe République, semble ces jours-ci devoir être respectée avec la même intransigeance que les ordres concernant le confinement. Les femmes ont beau être 87 % d’infirmières, 91 % d’aides-soignantes, 97 % d’aides à domicile et d’aides ménagères, 76 % de caissières et de vendeuses, 73 % d’agentes d’entretien, c’est en suivant la règle qui veut que « le masculin l’emporte sur le féminin » qu’on nous parle de ces populations.
D’ailleurs, 1 % suffirait : quand un homme – un seul – figure dans un groupe de femmes, on s’adresse à elles au masculin, on parle d’elles au masculin. Faire autrement constituerait un crime de lèse-majesté. L’idée même rend malade....
- L’intégralité de l’article (site TheConversation)
- Dossier sur l’écriture inclusive
Un point de vue québécois
Manuel de grammaire non sexiste – livre de Michaël Lessard et Suzanne Zaccour ( aux éditions Syllepse)
Le langage inclusif : pourquoi ? comment ?

Livre d'Eliane Viennot
La violente polémique surgie en France à l'automne 2017autour de “l’écriture inclusive” a conduit Eliane Viennot à élargir la question au “langage inclusif”. Intervenue à de multiples reprises dans les débats qui ont opposé les “puristes” aux progressistes, l'autrice de Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! expose dans ce petit guide les bonnes raisons de débarrasser la langue des normes et des règles masculinistes pour dire et écrire un monde où chacun·e aurait sa place, à égalité. Les outils qui le permettent existent : il suffit de les redécouvrir pour suivre, en toute simplicité, les logiques du français, avec l'inventivité que permet aussi sa souplesse. L'acccord de proximité, les féminins des noms de fonctions, le point milieu, la création de néologismes opportuns, le choix de réserver le mot “homme” au mâle de l'espèce et de parler désormais de “Droits humains”, sont autant de moyens détaillés dans ces pages, à la portée de toustes.
« On ne nait pas femme, on la devient. » Telle est la phrase que Simone de Beauvoir aurait écrite si, fille de l’école, elle n’avait assimilé les règles concoctées depuis le xviie siècle pour donner au « genre le plus noble » la place qu’il occupe aujourd’hui dans la langue française.
Contestée dès l’origine, longtemps négligée, finalement imposée par des institutions puissantes, cette entreprise a commencé d’être démantelée dans les pays francophones depuis une quarantaine d’années. D’une controverse à l’autre – et elles sont particulièrement vives en France – la démasculinisation du français a déjà fait des progrès notables, avec l’abandon progressif des noms masculins appliqués aux femmes occupant des fonctions prestigieuses.
Ce travail se poursuit désormais plus largement avec le langage inclusif, qui intègre des exigences propres au temps présent : celles de pays résolument décidés à réaliser l’égalité entre tous les êtres humains. Ce guide donne à la fois les bonnes raisons que nous avons d’approfondir cet effort, et les moyens simples qui sont à notre portée pour le soutenir.