Tous livres à lire
écrits de guerre et d'amour

Livre de Geneviève Hennet de Goutel
Par train et en bateau, de Paris en France à Iasi en Roumanie, en passant par Boulogne-sur-Mer, Folkestone, Londres, Bergen, Oslo, Tornio, Haparanda, Saint-Pétersbourg, Kiev et Bucarest, Geneviève Hennet de Goutel, 31 ans en 1916, nous entraîne dans un voyage sans retour. Sur les champs de bataille des blouses blanches françaises et roumaines, elle dépeint de sa belle écriture les portraits des femmes et des hommes dont elle croise le chemin et qui ressuscitent sous sa plume, en laissant parfois entrevoir quelques dessous des cartes.
[Compte rendu de Véronique Leroux-Hugon sur le site de l'APA - 16 octobre 2017]
Les Carnets d'Oana - Bucarest, 1922-2006

Livre d'Anne De Ligne
Anne de Ligne nous propose ici les carnets d'Oana, introduits par une mise en contexte historique, et complétés par quelques pages sur la Roumanie, pays qu'elle aime et où elle a vécu de 2002 à 2006.
Oana écrit sa vie à l'âge de quatre-vingt-deux ans, la mort l'emporte peu avant d'avoir terminé son récit. Elle nous parle avec passion et discrétion des petits et grands moments qui ont jalonné sa vie. Elle est issue d'une famille aisée, fille de diplomate, elle connait une jeunesse luxueuse alors que son pays commence sa descente aux enfers. Elle va vivre comme bien d'autres, un déclin inouï. Elle brave la Securitate, elle s'acharne à trouver les côtés positifs d'une vie qui n'en a que bien peu durant les quarante années du régime communiste instauré en Roumanie.
Romans et nouvelles

Philip Roth publié dans LA PLEIADE
Traduits de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane, Henri Robillot et Céline Zins et révisé par Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Édition de Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Préface de Philippe Jaworski
Gratitude

Livre de Charles Juliet
Ce nouveau « Journal » de Charles Juliet couvre les années 2004 à 2008. Il est dans la veine des précédents, plein de sagesse, d’expériences, d’ouverture au monde et aux autres. Des rencontres, beaucoup de rencontres qui sont autant d’occasions de récits de vie brefs, souvent bouleversants car la personnalité de Charles Juliet est telle que l’on se confie volontiers à lui qui est toujours à l’écoute, aux aguets de l’humain. Beaucoup de lectures et de relectures (notamment Camus, ici), des voyages (surtout en France, à l’occasion de manifestations autour de l’auteur), de peinture, et de cinéma. Et toujours cette écriture précise et sensible, prête à tout accueillir de l’expérience intérieure comme des choses de la vie. Le précédent volume de son journal : Apaisement est paru en 2013.
[ 2 vidéos avec l'auteur : Sur son journal Sur son écriture ]
Une jeunesse de Marcel Proust

Livre d'Evelyne Bloch-Dano
Qui n’a jamais entendu parler du questionnaire de Proust ?
Les réponses de l’écrivain ont traversé le temps et fait le tour du monde. On a oublié qu’elles provenaient d’un album intitulé Confessions, appartenant à Antoinette Faure, la fille du futur président de la République.
En participant à ce jeu de société à la mode, Marcel Proust ne se doutait pas qu’il livrerait des indices sur l’adolescent qu’il était. Ses réponses ont été commentées. Mais jamais contextualisées ou comparées. Jamais datées avec exactitude.
De Gilberte aux Champs-Élysées à la petite bande d’Albertine et des jeunes filles en fleurs, quelles traces ont-elles laissées dans son oeuvre ?
Évelyne Bloch-Dano a mené l’enquête. Elle est parvenue à identifier les autres amis de l’album d’Antoinette. C’est alors tout un monde qui a surgi, celui des jeunes filles de la bourgeoisie de la Belle Époque. Quelques garçons aussi. À travers leurs goûts, leurs rêves, s’est dégagé le portrait d’une génération. Celle de Marcel Proust.
Fières archives : ...

Titre complet : Fières archives : Documents et images autobiographiques d'homosexuels "fin de siècle"
Livre de Philippe Artières & Clive Robert Thomson
Eux formaient une communauté invisible, presque silencieuse. Seule parfois la rubrique des faits divers signalait leur présence. C'était leurs amours qui les guidaient, car ces hommes qui allaient en Grèce, en Italie, en Sicile, en Tunisie, en Algérie, étaient homosexuels et on les appelait alors invertis. De chacun de ces pays, ils écrivaient relatant un peu de ces existences contraires, collectionnaient souvent des photographies de façon à garder la trace de leurs rencontres et constituaient ainsi une immense archive à jamais dispersée en autant de points que de correspondants. C'est cet envers du décor de l'Europe fin-de-siècle, c'est cette autre écriture de l'intime que les archives ici présentées donnent à voir. Un moment singulier d'émergence de passages et de lignes inédites. Une couche d'archives précieuses.
[une article de Véronique Leroux-Hugon, paru dans La faute à Rousseau n°76-octobre 2017]
Zabor ou les psaumes

Livre de Kamel Daoud
Orphelin de mère, indésirable chez son père remarié, élevé par une tante célibataire et un grand-père mutique, Zabor n’avait rien d’un enfant comme les autres. Il a grandi à l’écart de son village aux portes du désert, dormant le jour, errant la nuit, solitaire trouvant refuge dans la compagnie des quelques romans d’une bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en effet, il s’est découvert un don : s’il écrit, il repousse la mort ; celui ou celle qu’il enferme dans des phrases de ses cahiers gagne du temps de vie.
Ce soir, c’est un demi-frère haï qui vient frapper à sa porte : leur père est mourant et seul Zabor est en mesure, peut-être, de retarder la fatale échéance. Mais a-t-il des raisons de prolonger les jours d’un homme qui n’a pas su l’aimer ?
Fable, parabole, confession vertigineuse, le deuxième roman de Kamel Daoud célèbre l’insolente nécessité de la fiction en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer. Telle une Shéhérazade ultime et parfaite, Zabor échappe au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de l’écriture, par l’iconoclaste vérité de l’imaginaire.
[Une interview dans le n° 135-septembre 2017 de L'Orient Littéraire]
Mercy, Mary, Patty

Livre de Lola Lafon
En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l’establishment qui s’empresse de conclure au lavage de cerveau.
Professeure invitée pour un an dans une petite ville des Landes, l’Américaine Gene Neveva se voit chargée de rédiger un rapport pour l’avocat de Patricia Hearst, dont le procès doit bientôt s’ouvrir à San Francisco. Un volumineux dossier sur l’affaire a été confié à Gene. Pour le dépouiller, elle s’assure la collaboration d’une étudiante, la timide Violaine, qui a exactement le même âge que l’accusée et pressent que Patricia n’est pas vraiment la victime manipulée que décrivent ses avocats...
Avec ce roman incandescent sur la rencontre décisive de trois femmes “kidnappées” par la résonance d’un événement mémorable, Lola Lafon s’empare d’une icône paradoxale de la “story” américaine pour tenter de saisir ce point de chavirement où l’on tourne le dos à ses origines. Servi par une écriture incisive, Mercy, Mary, Patty s’attache à l’instant du choix radical et aux procès au parfum d’exorcisme qu’on fait subir à celles qui désertent la route pour la rocaille.
Comme une rivière bleue – Paris 1871

Livre de Michèle Audin
«Personne ne se souvient de leurs noms, mais je vais vous dire un ou deux mots de cette passementière qui toute sa courte vie souffrit tellement des dents, de ce marchand de produits chimiques de Saint-Paul que seules de grandes quantités de vin rouge consolaient, de ce menuisier qui sculptait de petits jouets en bois pour l’enfant qu’il attendait, de ce cordonnier qui se souvenait de ce geste touchant, sa femme relevant ses cheveux, elle était morte pendant le siège, de cette tourneuse qui aurait voulu être institutrice, de cette brocheuse qui avait un carnet dans lequel elle notait ce qu’elle faisait ou pensait...»
Une petite foule de personnages, Marthe, Paul, Maria, Floriss... vivent, aiment, espèrent, travaillent, écrivent, se battent, enfermés dans Paris, pendant les soixante-douze jours qu’a duré la Commune. Comme une rivière bleue est leur histoire, vécue nuit et jour, à travers les fêtes, les concerts, les débats fiévreux, à l’Hôtel de Ville, à la barrière d’Enfer, au Château-d’Eau, sur les fortifications, dans ce Paris de 1871 qui est encore le nôtre.
À l'aide de journaux inconnus, de l’état civil et de ses failles, de livres de témoins, le roman de Michèle Audin nous entraîne dans la ville assiégée, derrière quelques-uns des obscurs qui fabriquent cette «révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue».
Une note de lecture sur le site EN ATTENDANT NADEAU
Michèle Audin dédie Comme une rivière bleue, à tous les vaincus : les communards, les parisiens, journalistes, élus, ouvriers et ouvrières, blanchisseuses, tailleurs de pierre, journalières, typographes, passementières… À partir de la lecture de journaux d’époque, de romans et de témoignages, d’un travail d’archives minutieux, elle retrace l’histoire de la Commune à Paris, dans une langue poétique et romanesque.
[La suite]
I am not your negro

Livre de James Baldwin & Raoul Peck
« Ce que les Blancs doivent faire, c'est essayer de trouver au fond d'eux-mêmes pourquoi, tout d'abord, il leur a été nécessaire d'avoir un "nègre", parce que je ne suis pas un "nègre". Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu'il vous en faut un. » James Baldwin.
Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire – salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars – aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident.
Toutes les familles heureuses

Livre de Hervé Le Tellier
« Je n’ai pas été un enfant malheureux, ni privé, ni battu, ni abusé. Mais très jeune, j’ai compris que quelque chose n’allait pas, très tôt j’ai voulu partir, et d’ailleurs très tôt je suis parti.
Mon père, mon beau-père sont morts, ma mère est folle. Ils ne liront pas ce livre, et je me sens le droit de l’écrire enfin. Cette étrange famille, j’espère la raconter sans colère, la décrire sans me plaindre, je voudrais même en faire rire, sans regrets. Les enfants n’ont parfois que le choix de la fuite, et doivent souvent à leur évasion, au risque de la fragilité, d’aimer plus encore la vie. » H.L.T.
Nos vies

Livre de Marie-Hélène Lafon
« J’ai l’œil, je n’oublie à peu près rien, ce que j’ai oublié, je l’invente. J’ai toujours fait ça, comme ça, c’était mon rôle dans la famille, jusqu’à la mort de la grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d’autre pour lui raconter, elle disait qu’avec moi elle voyait mieux qu’avant son attaque. » Le Franprix de la rue du Rendez-vous, à Paris. Ils sont trois : une femme, qui regarde ; Gordana, une caissière ; et l’homme encore jeune qui s’obstine à passer en caisse 4, celle de Gordana, chaque vendredi matin. Cette femme qui regarde, Jeanne Santoire, est celle qui dit « je ». C’est par elle que tout existe. Elle imagine, suppose, une vie, des vies, au présent, au futur et au passé, pour Gordana et pour l’homme. Elle creuse aussi des galeries dans sa propre vie qu’elle revisite et recompose. On apprendra qu’elle est fille de commerçants de province, a eu une grand’mère aveugle, a exercé le métier de comptable, a aimé un homme et que cet homme est parti. Nos vies, nouvel opus de Marie-Hélène Lafon, raconte les solitudes urbaines. Ce texte a comme point de départ une nouvelle, Gordana, publiée au Chemin de fer (2012). Depuis Le Soir du chien, son premier roman (2001), Marie-Hélène Lafon construit une œuvre exigeante qui, livre après livre, séduit un large public.
Une odyssée : Un père, un fils, une épopée

Livre de Daniel Mendelsohn
Lorsque Jay Mendelsohn, âgé de 81 ans, décide de suivre le séminaire que son fils Daniel consacre à l'Odyssée d'Homère, père et fils commencent un périple intellectuel et émotionnel de grande ampleur. Ils s'affrontent dans la salle de classe, puis se découvrent pendant les dix jours d'une croisière thématique sur les traces d'Ulysse. À la fascinante exploration de l'Odyssée d'Homère fait écho le récit merveilleux de la redécouverte mutuelle d'un fils et d'un père.
La puissance du souvenir dans l'écriture

Livre de Pierre Bergounioux
Ce petit livre est inclassable : à la fois traité philosophique, analyse littéraire et recueil de souvenirs personnels d'une jeunesse passée entre le Limousin et la région parisienne dans les années 1960, il se lit d'une traite. Pierre Bergounioux réussit à en faire une oeuvre dense centrée sur l'être humain façonné par le passé, d'une part, et sur les défis du temps pour l'écrivain qui veut rendre compte et recréer, d'autre part.
Jeux autobiographiques. S'écrire au fil de l'existence

Livre de Franck Evrard
Inaugurée par Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions au XVIIIe siècle, l'autobiographie et ses formes multiples est devenue un genre littéraire majeur à l'orée du XXIe siècle. Après la présentation des principaux éléments qui définissent
le genre et son histoire, de nombreux jeux littéraires fondés sur l'écriture de soi sont ici proposés. Leur ambition est de stimuler une pratique de l'écriture autant que de fabriquer une réserve de mémoire vivante. Pour ceux que la pudeur bloquerait, ils ne doivent pas hésiter à transgresser la loi du genre en imaginant des scènes vécues. Pour les lecteurs qui joueront le Je, le dialogue avec les grands auteurs du passé et du présent aura peut-être pour effet d'éveiller chez le lecteur l'envie d'inventer des jeux
de miroir qui ressembleront étrangement à... des miroirs du Je.
120 défis d'écriture pour Ecrire sa vie - autobiographie, blog, journal

Livre de
Nouvelle collection et nouvelle méthode : avec le grand retour de l'écriture, les cours affichent complet ! voici un ouvrage grand public avec lequel vous pourrez apprendre à écrire sur vous-même de façon ludique. Autobiographies, blogs, confidences, journaux intimes : des genres qui marchent très fort !
30 outils pour (se) dire, (se) raconter et l'écrire

Livre d'Isabelle Lecomte-Depoorter
Isabelle Lecomte-Depoorter vous propose à travers son ouvrage d’oser écrire grâce à 30 outils, 30 pistes pour déclencher et faciliter l’écriture. A travers des exercices simples, qui s’apparentent presque à des jeux, vous prendrez peu à peu de l’assurance et du recul et écrire deviendra pour vous comme une seconde nature.
Amérique - Des écrivains en liberté

Livre de Jean-Luc Bertini & Alexandre Thiltges
Plus de 40 000 kilomètres parcourus sur cinq ans en pick-up Ford : c'est le voyage un peu fou qu'ont entrepris Alexandre Thiltges et Jean-Luc Bertini pour aller à la rencontre des grands auteurs de l'Ouest américain. En une trentaine de portraits, ils nous font partager l'intimité d'écrivains célèbres avec une passion communicative. Jim Harrison, Richard Ford, Donald Ray Pollock, Marilynne Robinson, Laura Kasischke, David Treuer, Louise Erdrich, Charles D'Ambrosio, Philipp Meyer, William T. Vollmann, David Vann, Percival Everett, Annie Proulx, Craig Johnson, Thomas McGuane ou encore Gary Snyder et Dan Fante… se confient avec générosité. Ils évoquent leurs racines et leurs origines, leurs influences littéraires, leurs rituels d'écrivains, ou encore les thèmes qui traversent leurs œuvres riches et variées, et leur vision des Etats-Unis d'aujourd'hui. Un road-trip fascinant qui mêle récit de voyage, entretiens passionnés, amour de la littérature et portraits en images de l'Amérique d'aujourd'hui et de ceux qui l'écrivent.
Zehra Doğan : les yeux grands ouverts ...

Titre complet : Zehra Doğan : les yeux grands ouverts - journal d'une condamnation - chronique d'une exposition
Un très beau livre, consacré à Zehra Doğan.
Ce livre, pied de nez de Zehra du fond de sa prison à ceux qui veulent bbriser ce qu'elle est, réunit ses oeuvres évadées de Turquie et son journal de bord. Il est un point d'étape dans sa résistance politique et culturelle et à seulement 28 ans, avec les yeux grands ouverts, elle nous place au coeur du sujet qu'est la liberté d'expression.
Le jour d'avant

Livre de Sorj Chalandon
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.
Monsieur Benny - Dialogues inachevés

Livre de Daniel Wagner
Ce récit, inspiré de dialogues réels, restitue la recherche du lien entre Monsieur Benny et son fils Daniel. Le père vit à Bruxelles tandis que le fils est parti en Israël. Leur relation se poursuit en pointillés entre sourires, questionnements et émotions. Une seconde vie s'ébauche pour le fils, à travers le recueil de la mémoire, la recherche des traces, la découverte de documents d'archives, de lieux et de photos. Une quête personnelle sur laquelle se dessine l'histoire d'une famille juive belge avec, en arrière-plan, l'ombre de la Shoah.
Tout est écriture

Livre de Wajdi Mouawad
Entretien avec Sylvain Diaz
A l'occasion d'une résidence à l'université de Strasbourg en mars 2016, Wajdi Mouawad s'est entretenu à trois reprises devant son public avec Sylvain Diaz, enseignant-chercheur en études théâtrales. La plongée profonde, parfois vertigineuse, de l'artiste jusqu'au cœur de son œuvre confère à ces rencontres une valeur de témoignage exceptionnel
[Note de lecture de Georgia Makhlouf dans L'ORIENT LITTERAIRE - septembre 2017]
l'héritage insoupçonné

Livre de Caroline Tapernoux, Annemarie Trekker, Annie Bergot, Nelly Laurent
Quatre histoires de femmes se croisent dans ce livre, avec leurs épreuves et leurs rituels de passage. Chemin initiatique entre ombre et lumière, chaque récit révèle les ressources de L'héritage insoupçonné issu des rencontres en chemin. Ces écritures puissantes et singulières invitent à se relier aux forces de vie que ce soit face au désir d'enfanter, à la naissance d'une première petite-fille, à l'annonce d'un cancer ou à la mort d'une marraine initiatrice
Les journaux intimes et personnels au Québec

Titre complet : Les journaux intimes et personnels au Québec - Poétique d'un genre littéraire incertain
Livre de Manon Auger
En dépit de l’intérêt marqué pour les textes autobiographiques depuis le début des années 1980, le journal intime continue de faire piètre figure, non seulement en tant qu’objet d’étude, mais aussi en tant que pratique littéraire. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où le portrait du genre dressé par les théoriciens demeure, aujourd’hui encore, essentiellement négatif : genre sans forme, sans histoire et sans littérature… Il est ainsi un enfant mal-aimé des études littéraires et parfois des écrivains eux-mêmes.
C’est en réponse à ce discours réducteur que cet ouvrage propose de revoir et de réévaluer un certain nombre de lieux communs sur le genre et d’en montrer la poétique, en postulant qu’il s’agit d’un genre littéraire à part entière. En parallèle, l’auteure offre un portrait fouillé des journaux publiés au Québec sur presque trois siècles. De ce panorama émergent ainsi différentes figures « d’écrivains-diaristes » et de « diaristes-écrivains » dont les œuvres, souvent méconnues, signalent la complexité des enjeux esthétiques et éthiques soulevés par l’écriture et la mise en scène de soi.
[ en octobre 2012, Manon Auger a soutenu, à l'UQAM (Université du Québec à Montréal), une thèse sur le sujet::UN GENRE SANS FORME, SANS HISTOIRE ET SANS LITTÉRATURE ? LECTURE POÉTIQUE DU GENRE DIARJSTIQUE QUÉBÉCOIS]
L'auto des juifs

Livre de Franz Fühmann
Dans cette œuvre largement autobiographique, évoquant, au cours de deux décennies, de 1929 à 1949, quatorze journées qui furent aussi des dates marquantes de l’histoire contemporaine, Franz Fühmann relate son long aveuglement face au régime nazi, aveuglement partagé par beaucoup d’Allemands de sa génération. Il est né en 1922 dans cette région des Sudètes, province de la Tchécoslovaquie jusqu’à son annexion par le Troisième Reich en 1938, après que les gouvernements français et anglais eurent honteusement cédé aux exigences d’Hitler. Il a participé aux campagnes de la Seconde Guerre mondiale sous l’uniforme de la Wehrmacht (en Russie, en Grèce, en Bohême) avant d’être fait prisonnier en mai 1945 par les troupes soviétiques. C’est au cours des années de captivité en URSS que Franz Fühmann va remettre en question l’idéologie fasciste qui a imprégné sa jeunesse. Paru en Allemand en 1962, ce livre est un jalon capital dans l’œuvre de l’auteur. Une première édition de ce texte a paru aux EFR en 1975. (dernière édition : septembre 2016).
Note de lecture de Michel Ménaché, parue initialement dans le blog « CAHIER CRITIQUE DE POESIE » le 26 janvier 2017 : http://cahiercritiquedepoesie.fr/ccp-33-3/franz-fuhmann-lauto-des-juifs
Itinéraire d'une humaniste rebelle - Du Quartier latin aux Cévennes ardéchoises

Livre de Léa Tardieu
Voici l'itinéraire d'une femme née en 1938, qu'on voit évoluer d'un christianisme conformiste à un humanisme grand ouvert sur le monde. Dans ce livre, les lectures et les rencontres sont riches, variées et inattendues, le style est alerte, la verve et l'humour pince-sans-rire à l'anglaise jamais en défaut. La sincérité du ton rend ce personnage d'intellectuelle, un peu marginale, très attachant. Ce bilan est celui d'une femme, idéaliste à vingt ans, enthousiaste à quarante, enfin réaliste à soixante, pas encore résignée à quatre-vingt, mais en tout cas, jamais soumise.
L'Algérie se raconte

Un dossier littéraire de la librairie DIALOGUES de Brest
"La rentrée littéraire est algérienne. De nombreux romans nous font voyager à travers l'histoire de ce pays. De l'exil des harkis, à la guerre d'indépendance et ses silences douloureux, en passant par la création d'une librairie à Alger ou par le travail de Fernand Pouillon à Bab el-Oued, l'Algérie, la mystérieuse, dévoile ses secrets."
Livres de la rentrée littéraire 2017
- L'art de perdre, d'Alice Zeniter
- Nos richeses, de Kaouther Adimi
- Zabor ou les Psaumes, de Kamel Daoud
- Un loup pour l'homme, de Brigitte Giraud
- Climats de France, de Marie Richeux
- Dans l'épaisseur de la chair, de Jean-Marie Blas de Roblès
- Des coeurs lents, de Tassadit Imache
- Indocile, d'Yves Bichet
Pour contacter la librairie DIALOGUES : https://www.librairiedialogues.fr/decouvrir_la_librairie/
VAE en milieu carcéral

Livre de Jacques Serizel et Armelle Roudaire
Parcours de VAE en milieu carcéral. Histoires de vies collectives et croisements expérenciels Cet ouvrage propose le récit des moments riches d'échanges qui ont eu lieu lors du premier colloque international à Saint Jean de Braye dans le Loiret : "Parcours de VAE en milieu carcéral. Histoires de vies collectives et croisements expérenciels". Les professionnnels de l'accompagnent, les détenus et leurs familles ont proposé des ouvertures sur la manière de travailler pour ces publics spécifiques. Une nouvelle forme d'accompagnement qui peut être dérangeante...
|
Livre de Jacques Serizel et Armelle Roudaire Accompagner "A-Reconnaître" les acquis de l'expérience en milieu carcéral En septembre 2012, Médiaction met en place un dispositif d'accompagnement à la VAE en milieu carcéral. Cet ouvrage propose les Histoires de Vie de 13 personnes, avec des parcours et des cheminements parfois complexes. Ce qui est décrit ici montre qu'il est indispensable de proposer un accompagnement spécifique, qui fait appel à tous les professionnels compétents et volontaires, qui ont une envie d'agir en commun, pour atteindre des objectifs précis, que sont l'obtention d'un diplôme bien sûr, mais, bien plus encore, la « re-connaissance » de l'Être social, en construction sur le chemin de sa « ré-insertion ». |
Ils ne savaient pas que c'était une guerre

Titre complet : "Ils ne savaient pas c'était une guerre ! Appelés en Algérie, aujourd’hui ils racontent"
Livre de Jean-Paul Julliand (Direction)
Quinze anciens appelés, originaires du village de Bourg-Argental dans la Loire, témoignent de leur participation à la guerre d'Algérie au titre du service militaire obligatoire. Ils relatent leur expérience et dénoncent le manque de formation militaire ainsi que le silence des autorités en place après la signature des accords d'Evian.
[ un documentaire a également été produit ; le DVD est en vente chez L'Harmattan ]
Lettres d'Agérie

Lettres rassemblées par Philippe Bernard et Nathaniel Herzberg
De l'Algérie ne nous parvient plus guère que l'écho des massacres. L'atrocité des crimes qui y sont perpétrés, l'impossibilité d'en comprendre l'exacte signification et la difficulté pour les journalistes d'y circuler librement ne laissent de place à aucune autre voix.
Ces lettres, adressées pendant plusieurs années par des Algériens à leur famille ou à leurs amis installés en France, disent une Algérie différente, dépouillée de ses stéréotypes. Une Algérie avide de paix, dénonçant à la fois les « égorgeurs islamistes » et ceux qui, au sommet du pouvoir, ont rendu une telle horreur possible et laissent aujourd'hui la population pour ainsi dire sans défense. Un pays qui, entre deux tueries, continue de travailler et d'aller à la plage, comme pour conjurer une guerre qui ne dit pas son nom. Un peuple pétri d'histoire française et qui, derrière le discours officiel sur l'honneur national et le refus de l'ingérence, lance un appel à l'aide et à la solidarité.
Ces simples lettres, précédemment publiées par le journal Le Monde, nous obligent à l'entendre.
Une très légère oscillation

Livre de Sylvain Tesson
Le journal de bord de Sylvain Tesson, entre expéditions et voyages intérieurs, bivouacs d'un soir et méditations d'un jour. Entre les mots se dessine l'écriture d'un destin.
La géographie de Sylvain Tesson est vaste. Elle couvre Paris, les toits de Notre-Dame, les calanques de Cassis, les montagnes de Chamonix, l'Irak, l'Ukraine, la Russie. Il y a les expéditions et les voyages intérieurs, les bivouacs d'un soir et les méditations d'un jour, mais aussi les escalades des parois et les descentes au fond des livres. Entre les mots se dessine l'écriture d'un destin. Alors que son dernier livre Sur les chemins noirs raconte son voyage du sud de la France au Cotentin, Une très légère oscillation est un miroir le long d'autres chemins.
Le journal de Sylvain Tesson oscille entre le Manuel d'Epictète et les pensées de Jules Renard. Il nous incite à jouir de l'instant, à ne rien attendre du lendemain et à s'extasier des manifestations du vivant : une branche dans le vent, le reflet de la lune. C'est la chose la plus difficile au monde que de reconnaître le bien-être dans ses expressions les plus humbles, de le nommer, le saisir, le chérir. Savoir qu'on est en vie, que cela ne durera pas, car tout passe et tout s'écoule.
Tout intéresse Sylvain Tesson. Sa panoplie littéraire enveloppe l'actualité la plus brûlante : Daech, les attentats, l'islam, le pape, la politique française mais aussi l'intemporel, la poésie, le spirituel. Humour et poésie sont les deux lignes de vie de Sylvain Tesson même quand il chute d'un toit et se retrouve hospitalisé pendant de longs mois à la Salpetrière : " Un fleuve bordé de saules pleureurs, est-ce une rivière de larmes ? "
L'enfant qui

Livre de Jeanne Benameur
Trois trajectoires, trois personnages mis en mouvement par la disparition d’une femme, à la fois énigme et clé.
L’enfant marche dans la forêt, adossé à l’absence de sa mère. Il apprend peu à peu à porter son héritage de mystère et de liberté. Avec un chien pour guide, il découvre des lieux inconnus. À chaque lieu, une expérience nouvelle. Jusqu’à la maison de l’à-pic.
Le père, menuisier du village, délaisse le chemin familier du Café à la maison vide. En quête d’une autre forme d’affranchissement, il cherche à délivrer son corps des rets du désir et de la mémoire.
Et puis il y a la grand-mère, qui fait la tournée des fermes voisines, dont le parcours encercle et embrasse le passé comme les possibles.
Porté par la puissance de l’imaginaire, L’Enfant qui raconte l’invention de soi, et se déploie, sensuel et concret, en osmose avec le paysage et les élans des corps, pour mieux tutoyer l’envol.
Vernon Subutex (3)

Livre de Virginie Despentes
Vernon Subutex 3, le retour de Vernon, suite et fin de la trilogie.
Vernon Subutex a construit autour de lui une communauté qui vient l'écouter lors de transes appelées "Convergences". Ils vont de lieu eu lieu comme les Rave Party mais sans aucune prise de drogue. En parallèle, le producteur Dopalet cherche encore à se venger de son agression. Il finit par faire séquestrer Celeste. Libérée in-extremis, un dernier acte de vengeance amène une sérial killer à tuer tous les membres de la communauté autour de Vernon Subutex. Il est le seul survivant du massacre mais se cache. Max et Dopalet s'emparent de cet événement alors qu'ils en sont les instigateurs pour en faire une série à succès. La fin du roman nous dépeint dans le futur la secte Subutex comme les premiers Chrétiens. D'autant que Vernon Subutex sera vu après sa mort présumée, ce qui accrédite encore plus la théorie du gourou christique. Les adeptes de la secte d'abord interdits, persécutés puis tolérés. Des siècles plus tard on comprend que Alex Bleach et Vernon Subutex avaient ouvert une voie dans l'âme humaine pour connecter les participants. Subutex a construit une religion.
Requiem de guerre

Livre de Franck Venaille
Un recueil dans lequel le poète convoque le militant communiste italien Enrico Berlinguer, Sigmund Freud ou encore François Villon pour faire le procès du monde dans lequel il vit, tout en cherchant à l'améliorer. La vie quotidienne est représentée comme une maladie, traversée d'humeurs contradictoires.
Congo

Livre de Eric Vuillard
Eric Vuillard poursuit avec Congo son entreprise de relecture de l'Histoire, qu'il tutoie au plus près, à hauteur d'homme, mettant en scène les balbutiements de l'époque coloniale pour dénoncer les travers de notre modernité.
Derniers témoins

Livre de Svetlana Alexievitch
Ouvrage polyphonique où des centaines de destins d'enfants de la Seconde Guerre Mondiale se croisent pour former un chœur tragique qui donne de la guerre, de toutes les guerres, une vision émouvante jusqu'à l'insoutenable.
De tous les textes de Svetlana Alexievitch, celui-ci est le plus déchirant. Car qu'y a-t-il de plus terrible que l'enfance dans la guerre, de plus tragique que l'innocence soumise à l'abjection de la violence et de l'anéantissement ?
Les personnages de ce livre ont entre trois et douze ans. Garçons et filles, ils ont grandi au cœur des ténèbres du plus inhumain des conflits ; cette Seconde Guerre mondiale dont les plaies restent toujours béantes soixante ans après.
Publié une première fois dans une édition tronquée, mutilée par la censure encore soviétique à la fin des années quatre-vingt, jamais traduit en français, Derniers témoins paraît aujourd'hui pour la première fois dans sa version définitive, achevée en 2004. Il a donc fallu à Svetlana Alexievitch près d'un quart de siècle pour mettre un point final à ce monument de la littérature, dressé pour commémorer la plus injuste des souffrances.
La poésie inhérente à l'enfance lui donne une force d'évocation qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Bouleversant par sa charge de vérité, émouvant jusqu'à l'insoutenable, Derniers témoins change notre regard sur l'histoire, sur le monde, sur la guerre, sur l'enfance, sur la vie.
Les soldats de Salamine

Livre de Javier Cercas
A la fin de la guerre civile espagnole, l’écrivain Rafael Sánchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, réchappe du peloton d’exécution des troupes républicaines défaites qui fuient vers la frontière française. Un soldat le découvre terré derrière des buissons et pointe son fusil sur lui. Il le regarde longuement dans les yeux et crie à ses supérieurs : "Par ici, il n’y a personne !"
La valeur qu’il entrevoit au-delà de l’apparente anecdote historique pousse un journaliste, soixante ans plus tard, à s’attacher au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans ce seul regard.
Il trace le portrait du gentilhomme suranné rêvant d’instaurer un régime de poètes et de condottieres renaissants, quand surgit la figure providentielle d’un vieux soldat républicain. L’apprenti tourneur catalan, vétéran de toutes les guerres, raconte : les camps d’Argelès, la légion étrangère, huit années de combats sans relâche contre la barbarie fasciste. Serait-il le soldat héroïque ? L’homme laisse entendre que les véritables héros sont tous morts, tombés au champ d’honneur, tombés surtout dans l’oubli ; que les guerres ne seraient romanesques que pour ceux qui ne les ont pas vécues.
Ce livre, qui a bouleversé l’Espagne, entreprend une carrière internationale sans précédent.
L'autre moitié du soleil

Livre de Chimamanda Ngozi Adichie
Lagos, début des années soixante. L'avenir paraît sourire aux sœurs jumelles : la ravissante Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste ; quant à Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale. Le tout sous le regard intrigué d'Ugwu, treize ans, qui a quitté son village dans la brousse et qui découvre la vie en devenant le boy d'Odenigbo.
Quelques années plus tard, le Biafra se proclame indépendant du Nigeria. Un demi-soleil jaune, cousu sur la manche des soldats, s'étalant sur les drapeaux : c'est le symbole du pays et de l'avenir. Mais une longue guerre va éclater, qui fera plus d'un million de victimes.
Évoquant tour à tour ces deux époques, l'auteur ne se contente pas d'apporter un témoignage sur un conflit oublié ; elle nous montre comment l'Histoire bouleverse les vies. Bientôt tous seront happés dans la tourmente. L'autre moitié du soleil est leur chant d'amour, de mort, d'espoir.
Les oiseaux de bois

Livre d'Asli Erdogan
Une jeune schizophrène est convoquée par les médecins, un événement qu’elle va vivre, commenter, interpréter à la faveur de son imaginaire.
Face à la prison, une femme attend le jour. Elle relit les lettres censurées de celui qu’elle aime, tente de se croire différente depuis qu’elle est enceinte.
Sur le mode d’une brillante évocation d’un moment de rupture qui va précipiter le narrateur dans l’infini voyage, d’une réflexion élégiaque sur le temps qui passe, d’un rituel envoûtant à l’humour dionysiaque ou d’une parodie très politique d’un séjour en hôpital psychiatrique, ces récits aux limites du réalisme sont toujours en écho avec l’état de la Turquie contemporaine. Ils entraînent le lecteur dans une plongée magistrale, au coeur même de l’oeuvre d’Asli Erdogan.
Asli Erdogan a une quarantaine d’années. Elle vit à Istanbul où elle intervient dans le champ politique, notamment pour défendre les droits de l’homme. Physicienne de formation, elle a travaillé au Centre européen de recherches nucléaires de Genève ; elle se consacre désormais à l’écriture. Ses livres sont traduits dans de nombreux pays, en Europe comme aux Etats-Unis.
Portrait d'après blessure

Livre de Hélène Gestern
Il s'appelle Olivier, elle s'appelle Héloïse. Ils sont en route pour déjeuner, mais la rame de métro dans laquelle ils sont montés ensemble est gravement endommagée par une explosion. Restera de cet accident des corps meurtris, un sentiment brisé et une photo de leur évacuation, si violente et si impudique qu'elle va tout faire trembler autour d'eux.
A partir de ce moment, ils n'auront qu'une obsession : réparer les dégâts que cette image aura causés dans leurs vies. Portrait d'après blessure raconte l'histoire de deux êtres aux prises avec le pouvoir des photographies, toutes les photographies, qu'elles parlent la langue de la dignité ou celle du désastre.
Mais bien au-delà de cette trame romanesque, Portrait d'après blessure est aussi une réflexion sur le pouvoir de plus en plus grand d'internet sur nos vies quotidiennes. Que se passe-t-il lorsque cet espace encore peu régulé, théâtre du meilleur comme du pire, s'empare d'une image et la jette en pâture sur la place publique. Comment assurer alors la préservation de l'intimité ? C'est aussi un livre sur la difficulté d'aller vers l'autre, même (et surtout) quand on s'aime. Histoire sur la fin d'une histoire et le courage qu'il faut pour en recommencer une autre, malgré tout.
Le Temps du voyage - Petite causerie sur la nonchalance et les vertus de l'étape

Livre de Patrick Manoukian
La collection "Petite philosophie du voyage" invite Patrick Manoukian, éditeur, à réfléchir sur la valeur du temps en voyage. Quand le parcours importe davantage que le but, que la rencontre est préférée à la visite et la nonchalance substituée à la hâte, le hasard des étapes, dans un café ou au creux d'un hamac, fait tout le sel du voyage.
À l’heure du voyage toujours plus court, organisé jour après jour, voire d’heure en heure, il convient de s’interroger sur ce qui constitue l’agrément de la découverte d’autres pays et cultures. Le voyage peut en effet, par la prodigalité de ses étapes – imprévus, haltes forcées, rencontres inattendues voire inespérées –, instituer une relation différente au temps, au point que ce sont les interstices du programme projeté, comme des parenthèses précieuses, qui en constituent l’intérêt. Si le chemin vaut plus que le but, l’étape vaut mieux que le déplacement, et parfois le temps perdu à un comptoir, dans un sofa, à une terrasse ou pour un détour marquera le voyage plus qu’un monument ou un point de vue répertorié.
C’est à une forme d’éloge de la paresse et de la nonchalance que nous sommes conviés, pour découvrir avec l’auteur, de l’éruption de l’Eldfell en Islande aux clandés du Mato Grosso, d’une cellule de prison au Pérou à l’Extrême-Orient Express, toute la saveur du « temps retrouvé ».
L'ordre du jour

Livre d'Eric Vuillard
Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants
Journal du Ciel

Livre de Jacqueline Chebrou
« Ne lisez pas les philosophes qui prétendent tout expliquer, ouvrez seulement votre fenêtre sur le ciel, et glissez vers le regard du dedans. Et puis écoutez ! ».
Ce conseil de l'auteur est aussi une clé de lecture de cet ouvrage hybride. Entre journal et poésie, deux immensités se côtoient et se répondent dans ce recueil : l'espace de l'intime et l'espace du monde.
Depuis le petit appartement où elle vit, Jacqueline Chebrou accueille d'innombrables présences et s'émerveille inlassablement de la beauté du monde qu'elle retranscrit au fil des pages de ce livre.
L'hirondelle rouge

Livre de Jean-Michel Maulpoix
À présent qu’ils ont franchi le seuil, j’imagine ce vieil homme et cette vieille femme se retrouvant au fond du grand Jardin, délivrés de leur longue fatigue, oublieux de la laideur de leur nudité, gourmands de pêches, de poires et de melons, près de l’arbre à désir, à savoir et à poèmes. Mon père et ma mère veillant sur les fruits profonds de la nuit, avec des rires et des baisers, de toute leur enfance restée vive, ébouriffant la cendre, leur amour à tout jamais ayant le dernier mot.
Dans cette Hirondelle rouge, dont le titre fait écho aux toiles oniriques de Joan Miró (L’Hirondelle éblouie par l’éclat de la prunelle rouge), Jean-Michel Maulpoix évoque avec beaucoup de pudeur ses parents disparus. En des tableaux très courts, il dresse d'eux des portraits fragmentaires et intimes. Comment continuer à vivre et à écrire, telles sont les questions que pose le fils et que tente de résoudre le poète.
« Qu’opposer d'autre à la nuit que la phrase muette du désir ? » Avec une prose poétique inimitable, Jean-Michel Maulpoix livre un récit qui tient autant du tombeau que de l’autobiographie, où l’écriture, la vie et la mort sont étroitement mêlées.
Aucun souvenir de Césarée

Livre de Marie-Ange Guillaume
De son enfance, elle a tout oublié sauf la peur et l’ennui coriace. De ses vingt ans, elle a tout oublié sauf son absence au monde. Elle a même oublié Césarée, la ville en ruine qu’elle déclarait « inoubliable » dans une lettre envoyée à sa mère. Elle a juste retenu le vers de Racine, « Je demeurai longtemps errant dans Césarée ». Heureusement, sa mère a écrit un journal où elle raconte ce qu’elles ont vécu ensemble, avec et sans le père. Sa mémoire c’était sa mère, et elle vient de la perdre – la mère, le jardin, la maison. Elle vient de vider la maison dans le chagrin et la colère.
Heureusement, il y a les copains, qui la baladent du chagrin au rire, et c’est toujours le rire qui la sauve. Alors, armée du récit maternel, des photos d’époque et de ses trous de mémoire, elle s’attaque au puzzle, elle reconstruit la vie de sa mère et la sienne, quitte à les trafiquer – peu importe, une vérité mouvante et floue arrive à surnager. Et maintenant, elle aime sa mère.
Avec Aucun souvenir de Césarée, Marie-Ange Guillaume signe un texte poignant où, au-delà de l’humour et de la colère, affleure une tendresse immense. Une adresse à sa mère, à toutes les mères, qui touche le lecteur en plein cœur.
Vidéo MOLLAT
Ca Tourne

Livre de Christian Prigent
Ces « carnets de régie » contiennent des extraits des notes de Grand-mère Quéquette, Demain je meurs et de Météo des plages. Ils permettent d’approcher la fabrique des textes par « plans de découpages, apartés pensifs, faits-divers pour rire, catalogues d’outils, listes de commissions, souvenirs en vrac, registre des progrès, geinte quand ça patauge, post-it et pense-bête, NB pour mémoire, docs à tout hasard, croquis de casting, élément des scripts, relevés de sites, réglages des chronos, précis de montages, théories furtives, phrases pour déclencher, phrasés embrayeurs, départs avortés, premiers tours de chauffe, vroum-vroum du moteur ». Bref, tout ce qu’il convient de compiler afin que “ça tourne” enfin dans une économie sur laquelle l’auteur lève le voile… [extrait de l’article de Jean-Paul Perret paru dans lelitteraire.com, 17/06/2017 http://www.lelitteraire.com/?p=32061 ]
Les petites chaises rouges

Livre d'Edna O'Brien
Dès qu'il franchit le seuil de l'unique pub ouvert dans ce trou perdu d'Irlande, l'étranger suscite la fascination. Vladimir Dragan est originaire du Monténégro. Il entend s'établir comme guérisseur. On lui trouve un logement, un cabinet médical, et sa première cliente, une des quatre nonnes du lieu, sort de sa séance totalement régénérée. Rien d'étonnant à ce que Fidelma, très belle et mariée à un homme bien plus âgé qu'elle, tombe sous le charme. L'idylle s'interrompt quand Dragan est arrêté. Recherché par toutes les polices, il a vécu à Cloonoila sous un faux nom. Inculpé pour génocide, nettoyage ethnique, massacres, tortures, il est emmené à La Haye, où il rendra compte de ses crimes. Le titre choisi par Edna O'Brien s'éclaire alors, ainsi que l'introduction rappelant que 11 541 petites chaises rouges avaient été installées à Sarajevo en 2012 pour commémorer la mémoire des victimes du siège. Le vrai sujet de cet extraordinaire roman n'est pourtant pas la guerre civile de Bosnie, ni la figure de Radovan Karadzic, dont il s'inspire. Avec une infinie tendresse et une infinie compassion, la grande romancière irlandaise se penche sur le destin d'une femme ordinaire, que sa naïveté a rendue audacieuse, et dont l'existence a été ravagée pour avoir vécu, sans savoir à qui elle avait affaire, une brève histoire d'amour avec l'un des monstres les plus sanguinaires du XXe siècle. Après l'arrestation de Vlad, il est impossible pour Fidelma de rester en Irlande. Réfugiée à Londres, dans le monde souterrain des laissés-pour-compte, elle vit de petits boulots, hantée par une honte indépassable, et par la terreur. La prose d'Edna O'Brien est éblouissante : comme dans la vie, passant de la romance à l'horreur, d'un lyrisme tremblé au réalisme le plus cru, de la beauté au sentiment d'effroi le plus profond, elle nous donne, avec ce roman de la culpabilité et de la déchéance d'une femme, son absolu chef-d’œuvre.
Tout cela

Livre de Marie-Claire Mir
« C'est un silence qui désespère la parole. Ou bien son silence est une sorte de machine de guerre, ou bien sa langue n'a pas de mots pour me parler, à moi. Peut-être s'agit-il d'un amour qui ne sait pas se dire. Peut-être s'agit-il simplement d'une sorte de paresse de son âme à dire l'indicible. » Affronter le silence des siens, refuser de fuir et de ne pas comprendre. Remuer le passé et lui faire face, à défaut de pouvoir interroger ceux qui en détiennent les clés. Essayer coûte que coûte de lever le voile, ne serait-ce que par bribes, pour donner un sens à Tout cela. En quête de réponses, l'auteur progresse dans la construction d'une vérité plausible en s'appuyant sur des recherches, mais aussi en formulant des hypothèses qui l'amènent aux confins de la fiction, avec les risques que cela comporte. C'est un véritable travail d'écriture, un récit qui marquera le lecteur par sa pudeur et sa sincérité désarmante.
Dans quelle langue est-ce que je rêve ?

Livre d' Elena Lappin
Il y a 15 ans, un soir de février, Elena Lappin, qui vit à Londres avec son mari et ses enfants, reçoit un étrange coup de téléphone en provenance de Moscou : un homme qui prétend être son oncle lui révèle que son père " officiel " n'est pas son vrai père. C'est le début d'une incroyable enquête qui, de la Russie à la Tchécoslovaquie, de l'Allemagne à Israël, jusqu'au Canada et aux U.S.A., la conduit à repenser complètement son histoire. Celle d'une famille de Juifs émigrés, où l'on parle 5 langues, qui représentent, à leur manière, un moment de la mémoire de l'Europe.
Dans quelle langue est-ce que je rêve ? résonne comme l'interrogation principale de ce texte. Par-delà le déracinement, les bouleversements politiques et culturels, les ruptures personnelles, comment définir la langue de ses rêves ? Car découvrir sa langue, c'est aussi découvrir qui l'on est.
Viva

Livre de Patrick Deville
En brefs chapitres qui fourmillent d’anecdotes, de faits historiques et de rencontres ou de coïncidences, Patrick Deville peint la fresque de l’extraordinaire bouillonnement révolutionnaire dont le Mexique et quelques-unes de ses villes (la capitale, mais aussi Tampico ou Cuernavaca) seront le chaudron dans les années 1920 et surtout 1930.
Les deux figures majeures du roman sont Trotsky, qui poursuit là-bas sa longue fuite et y organise la riposte aux procès de Moscou tout en fondant la IVe Internationale, et Malcolm Lowry, qui ébranle l’univers littéraire avec son vertigineux Au-dessous du volcan. Le second admire le premier : une révolution politique et mondiale, ça impressionne, forcément. Mais Trotsky est lui aussi un grand écrivain, qui aurait pu transformer le monde des lettres si une mission plus vaste ne l’avait pas requis. L’un finit assassiné d’un coup de piolet dans la tête, tandis que le héros de l’autre est abattu par les balles fascistes avant d’être jeté au fond d’une décharge…
On croise aussi Frida Khalo, Diego Rivera (et l’autre peintre muraliste Siqueiros, stalinien convaincu et auteur de la première tentative d’assassinat de Trotsky), Tina Modotti, l’énigmatique B. Traven aux innombrables identités, ou encore Antonin Artaud en quête des Tarahumaras et André Breton.
Une sorte de formidable danse macabre où le génie conduit chacun à son tombeau. C’est tellement mieux que de renoncer à ses rêves.
Vie d'une Pied-noir avec un Indigène

Titre complet : Vie d'une Pied-noir avec un Indigène - Carnets d'Algérie 1919-1962 - Mourir chambre 58
Livre de Jean-Philippe Nottelet
Comme l’a écrit Albert Camus dans Noces – dont l’héroïne de ces pages évoque cette grande figure d’humanité dans un de ses échanges épistolaires avec Paulette Roblès – «Comment faire comprendre pourtant que ces images de la mort ne se séparent jamais de la vie ?»
Mais tel que le dénonce son fils Jean-Philippe : la vie ou la fin de vie ne peut admettre, tolérer, banaliser ni l’injustice et ni l’incurie de quelques médecins passant aux pertes et profits dans la morgue de leur statut, les volontés écrites de la malade Gisèle Nottelet. L’ignominie de sa souffrance nous devient insupportable et ces enfants accourus pour la soutenir, l’aider de leur amour nous brisent encore plus l’âme sur notre vérité d’humanité. Ce livre nous fait découvrir cruellement la fin de parcours de Gisèle mais aussi sa naissance, son enfance, son adolescence au sein d’une famille pauvre dans une Algérie colonialiste. Nous vivons grâce à son journal que son fils nous fait appréhender dans cet ouvrage, sa rencontre, son amour et sa volonté d’unir sa vie avec un Indigène. Cet Indigène fils d’une famille d’élite kabyle catholique dont le grand-père fut un avocat et homme politique incontournable dans les premières années de la tragédie algérienne. Et son époux Salah, Henri, cet Indigène mort d’un crime jamais jugé.
Il faut lire la passionnante histoire de cette Pied-noir, rare européenne à choisir d’épouser un Indigène et qui nous offrira malgré la bêtise cruelle, une histoire d’un romantisme et d’un romanesque à imiter.
Des Hommes

Livre de Laurent Mauvignier
Ils ont été appelés en Algérie au moment des " événements ", en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois, il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Tous

Livre de Grégoire Polet
« C’est vrai que je l’ai payé cher. Une jambe et un bras, tout de même. Et puis, plus beaucoup de temps à vivre. Mais : on y est. Le renouveau politique de l’Europe, ça y est, le mouvement est lancé. La VIe République, la fédération d’un noyau dur dans l’Union, c'est en route. Ça n’a l’air de rien, maintenant que c’est fait. Mais qui aurait parié un kopeck là-dessus il y a à peine cinq ans ? »
Le roman met en scène, de façon réaliste et ironique à la fois, l’irrésistible ascension de TOUS, un mouvement de démocratie directe en France et en Europe, à travers les yeux d’une jeune activiste belge, d’un vieux diplomate grec et d’un citoyen polonais.
C’est le roman des chemins qu’on n’a pas pris, le roman d’une génération qui a emprunté les voies de la politique pour reprendre goût à l’avenir.
C’est le roman d’une réalité qui n’a pas eu lieu. Pas encore.
UNE JEUNE FILLE RACONTE... Carnet de guerre 1939-1945

Livre de Jacqueline Chebrou
De 1939 à 1945, lors de ses pérégrinations entre la Normandie et la Touraine, une jeune fille tient son petit carnet de guerre. A l'âge de 16 ans, elle consigne en quelques pages l'invasion, l'exode, l'occupation, le débarquement et la libération. Aujourd'hui, à 92 ans, Jacqueline Chebrou propose son récit aux lecteurs. Quelques notes précisant le vocabulaire de l'époque, une réflexion sur les récits de guerre et plusieurs souvenirs, viennent compléter ce petit carnet non retouché.
lire le portrait de l'auteure par Catherine Soudé |
Les yeux fardés

Livre de Luis Llach
Ils sont quatre inséparables, Germinal, David, Joana et Mireia, nés en 1920, qui traversent les rives de l'enfance dans le quartier populaire d'une Barceloneta aux ruelles bigarrées, aux senteurs maritimes, à la culture ouvrière militante. Après l'âge tendre des premiers émois, les personnalités s'affirment et les destinées s'esquissent. Pour les deux filles, du moins. Les balises de l'avenir se font plus fluctuantes pour les garçons quand ils découvrent la passion qui les unit. Si la proclamation de la République leur ouvre les voies de l'espérance, très vite la guerre civile rebat les cartes et conduit les amis au chaos... Ode vibrante à Barcelone l'irréductible et à son peuple enivré de rêves libertaires, ce roman trace avec une grande finesse l'expérience guerrière de ces héros sans grade, nimbée de la nostalgie douce-amère des illusions perdues.
Frères migrants

1939 : les réfugiés espagnols au Perthus bloqués par les gendarmes 2017 : les réfugiés africains à Vintimille bloqués par la PAF
Livre de Patrick Chamoiseau
La poésie n’est au service de rien, rien n’est à son service. Elle ne donne pas d’ordre et elle n’en reçoit pas. Elle ne résiste pas, elle existe -- c’est ainsi qu’elle s’oppose, ou mieux : qu’elle s’appose et signale tout ce qui est contraire à la dignité, à la décence. À tout ce qui est contraire aux beautés relationnelles du vivant. Quand un inacceptable surgissait quelque part, Edouard Glissant m’appelait pour me dire : « On ne peut pas laisser passer cela ! » Il appuyait sur le « on ne peut pas ». C’était pour moi toujours étrange. Nous ne disposions d’aucun pouvoir. Nous n’étions reliés à aucune puissance. Nous n’avions que la ferveur de nos indignations. C’est pourtant sur cette fragilité, pour le moins tremblante, qu’il fondait son droit et son devoir d’intervention. Il se réclamait de cette instance où se tiennent les poètes et les beaux êtres humains. Je ne suis pas poète, mais, face à la situation faite aux migrants sur toutes les rives du monde, j’ai imaginé qu’Edouard Glissant m’avait appelé, comme m’ont appelé quelques amies très vigilantes. Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s’y commettent. Elle ne sert qu’à esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde. Ce n’est pas grand-chose. C’est juste une lueur destinée aux hygiènes de l’esprit. Peut-être, une de ces lucioles pour la moindre desquelles Pier Paolo Pasolini aurait donné sa vie.
Interview sur France Culture, le 5 mai 2017
L'inconfort du "Je". Dialogue sur l'écriture de soi

Livre de Laurent Herrou & Arnaud Genon
... Le présent livre rend compte de leurs échanges qui s’articulent autour de trois axes : « Journal », « Autofiction », « Les autres ». Ils invitent les lecteurs à une flânerie dans l’univers de l’écriture du « moi » en général, dans le travail de Laurent Herrou en particulier et révèlent que rien n’est moins complaisant que d’écrire « je ».
Une histoire d'amour et de ténèbres

Livre d'Amos Oz
" Tu veux jouer à inventer des histoires ? Un chapitre chacun ? Je commence ? Il était une fois un village que ses habitants avaient déserté. Même les chats et les chiens étaient partis. Et les oiseaux aussi. " Le petit garçon qui joue ainsi à inventer des histoires à la demande de sa mère est devenu un grand romancier. Sa mère n'est plus là, mais il tient malgré tout à poursuivre le récit de l'existence tumultueuse de sa famille et de ses aïeux. De Jérusalem, où il est né, il retourne en Ukraine et en Lituanie, et fait revivre tous les acteurs de cette tragi-comédie familiale. Leurs vies sont parfois broyées par la grande Histoire et toujours marquées par leurs propres drames intimes, illusions perdues et rêves avortés. Au cœur d'une narration riche, d'une ampleur et d'une puissance romanesques jusque-là inconnues dans l'œuvre d'Amos Oz, la disparition tragique de la mère demeure la question à laquelle ce roman cherche une réponse. Une histoire d'amour et de ténèbres est un livre bouleversant où l'histoire d'un peuple et la vérité d'un homme se confondent.
Marx et la poupée

Livre de Maryam Madjidi
Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris.
À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan, qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.
Dans ce récit qui peut être lu comme une fable autant que comme un journal, Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, rempart, moyen de socialisation, et même arme de séduction massive.
Dictionnaire de l’Autobiographie. ÉCRITUREs DE SOI DE LANGUE FRANÇAISE.

Livre sous la direction de Françoise Simonet-Tenant [édition de poche disponible depuis septembre 2018]
Ce dictionnaire répond à une triple volonté : il entend d’abord établir le bilan de plusieurs décennies de réflexion théorique, plus de quarante ans après la parution du Pacte autobiographique (1975) de Philippe Lejeune. Il vise ensuite à cartographier un champ de recherches dont l’extension est souvent mal comprise : l’autobiographie au sens strict, mais également, et plus globalement, les écritures de soi. À un moment où la médiatisation de l’autofiction brouille les frontières entre fiction et non-fiction, il semble important de décrire les spécificités du champ non fictionnel et de se demander si l’écriture autobiographique est un modèle d’écriture identifiable à quelques traits précis ou un registre qui transcende les frontières génériques. Enfin, ce dictionnaire souhaite féconder un nouvel élan théorique. Il dépasse une vulgate promue par l’institution scolaire et universitaire, constituée en canon, ne se limite pas aux seuls corpus consacrés mais s’intéresse également à des auteurs méconnus, voire aux écritures ordinaires. Derrière le succès de l’autobiographie se cache une diversité de pratiques et de genres ayant en commun l’écriture à la première personne, qui connaissent des fortunes variables mais ne cessent de se nourrir réciproquement : Mémoires, souvenirs, témoignages, journaux personnels, correspondances intimes, chroniques… Il s’agit de désenclaver l’autobiographie en la réinscrivant dans une large continuité historique et au sein de l’espace francophone ; les écritures de soi, souvent réduites à leur seule prétention à calquer le monde, sont aussi des supports essentiels au renouvellement de la création littéraire.
- Fiche du livre
- L'introduction
- Table des matières
- Table des articles
- Liste des collaborateurs
- Un article dans "AUTOBIOSPHERE"
- Interview de Françoise Simonet-Tenant par "La Faute à Rousseau" (la revue de l'APA) : Partie 1 Partie 2