LES HISTOIRES DE VIE,
mais qu’est-ce que c’est, entend-on souvent dire par des « néophytes » qui ne comprennent pas en quoi cette expression, qui relève pour eux du langage « courant » semble, pour d’autres, recouvrir bien plus de choses que ce qu’ils y mettent, eux.
Alors, comment est-on passé de l’expression couramment employée « raconter sa vie », « raconter l’histoire de sa vie », à l’utilisation des termes « histoires de vie » pour qualifier une pratique des sciences humaines ? Et cette pratique, que recouvre-t-elle ?
La démarche « histoires de vie » est mise en œuvre dans différentes disciplines, anthropologie, ethnologie, sociologie, psychosociologie, sociologie clinique, littérature etc. Elle couvre aussi plusieurs champs de pratiques : recherche, formation, intervention, éducation populaire, etc... On la retrouve également à l’articulation de plusieurs de ces champs -recherche et formation, recherche-action, recherche et intervention, formation et intervention etc.- et déclinée dans des modes différents -récits individuels, récits collectifs, histoires de vie rédigées par l’auteur du récit ou par un tiers, etc..
Dans un premier temps je m’attacherai à la pratique des histoires de vie en formation (cette section s’enrichira progressivement et des références bibliographiques ouvriront ces différents champs de pratique des histoires de vie).
Le postulat sur lequel repose la démarche des Histoires de vie en formation, est que la vie de chacun est source d’expériences et de savoirs ; que le sujet lui-même, par la production de son récit, est en capacité de produire du sens et du savoir. Ainsi, Gaston PINEAU et Jean-Louis LE GRAND définissent l’histoire de vie « comme recherche et construction de sens à partir de faits temporels personnels, elle engage un processus d’expression de l’expérience.. ».
Il s’agit donc pour la personne de construire du sens à partir de l’expression de son expérience, du récit qu’il en fait, de la production de son histoire de vie.
La production de l’histoire de vie en formation se réalise dans un cadre bien précis, un dispositif de formation. : cadre spatio-temporel, méthodes et techniques mises en œuvre, rôles et engagements respectifs des participants, éventuellement établis sous forme de contrat.
La démarche suppose trois phases, non pas linéaires mais itératives : introspection, expression, compréhension, réalisées dans l’interactivité et l’intersubjectivité du groupe, et elle suppose pour le sujet qui s’y livre un mouvement d’implication/distanciation.
La production de l’histoire de vie ne change pas la vie et l’expérience du sujet, en revanche elle modifie le regard que celui-ci porte sur son expérience et sur sa vie : la personne s’approprie son histoire, ce faisant elle transforme son rapport au passé et donc au présent et à l’avenir, son rapport à l’Autre et au monde.
En cela, la production de son histoire de vie est pour chacun une expérience créatrice : en se considérant « soi-même comme un autre » (Paul RICOEUR), héros de sa propre histoire, sujet et objet de son récit, à la fois impliqué et distancié, le sujet donne ou redonne forme à sa vie, remet en place ses liens aux autres, devient auteur de sa vie.
La pratique des histoires de vie en formation vise la transformation ou le changement. Parmi ses effets produits, on peut citer : le développement de l’autonomie, la mise en projet, le développement de la conscience de soi et du monde, la production de sens au quotidien, l’exploration de nouveaux espaces intellectuels, psychologiques ou affectifs, la construction identitaire, etc...
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- Etudes sur la littérature personnelle et les récits de vie, la littérature personnelle et les récits de vie, bibliographie établie, sur son site, par Philippe LEJEUNE
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