Arthur Koestler, une personnalité complexe ? prophètique ?

Devenu secrétaire de Vladimir Jabotinsky, père du « sionisme révisionniste » (aile d’extrême droite du sionisme), il participe à la création du Betar, organisation nationaliste juive, elle-même à l’origine  en 1931 de la création de l'Irgoun (Organisation militaire nationale), qui pratiquera un terrorisme antiarabe et antibritannique.

Logique avec son engagement sioniste, il va émigrer en Palestine à l’âge de 21 ans, mais quitte assez vite son kibboutz pour la ville de Haïfa où il participe à la création d’une ligue des droits civiques.

En 1931, journaliste en Europe, il adhère au Parti Communiste allemand et devient rapidement un clandestin professionnel de l’appareil du Komintern et séjourne plusieurs fois en URSS.

Pendant la guerre d’Espagne, il sera correspondant de guerre, fait prisonnier par les franquistes, condamné à mort, mais échangé contre une franquiste emprisonnée par la République espagnole.

Il rompra avec Moscou en 1938 au moment du 3è Procès de Moscou.

En 1940, il sera interné en France par le gouvernement Daladier au camp du Vernet, mais libéré avant la débâcle et se retrouvera à Londres pendant la guerre.

Après la guerre, il est un chaud partisan de la création d’Israël et milite au sein du Congrès pour la liberté de la culture, association financée par la CIA.

Enfin à la fin de sa vie, il se rapproche de la Nouvelle Droite en devenant membre du Comité de patronage de la Nouvelle Ecole, revue du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne.



Les thèmes de ses livres épouseront donc souvent ses multiples revirements.

Mais surtout il sera souvent précurseur dans la description et l’analyse des phénomènes de la période qu’il a traversée :

·      22 ans avant Alexandre Soljenitsyne et son livre Une journée d'Ivan Denissovitch,  il   s’attaque, dès 1940 (édité en France en 1945), au totalitarisme sanglant du régime stalinien dans son livre Le zéro et l’infini   ;

·      30 ans avant Shlomo Sand et son livre Comment le peuple juif fut inventé, il conteste, dans La Treizième Tribu en 1976, la thèse d'un peuple juif issu exclusivement ou majoritairement de l'exode des Juifs de Palestine et avance l'idée d'une conversion massive d'une population d'Europe de l'Est par des prédicateurs juifs ;

·      Dans Analyse d’un miracle (en 1949), même s’il est un chaud partisan d’Israël, il montre les dangers qu’un nationalisme aux fondements religieux fera courir à cet état.

Paquito Schmidt

07 juillet 2025