Notes de lectures, articles, entretiens, presse ...

[année 2024]


Des articles de membres de l'association ou de personnes extérieures. Des interviews, des entretiens.

Ils sont présentés dans l'ordre de réception du plus récent au plus ancien.

Ces textes sont donc toujours personnels et ne reflètent pas "la pensée" de l'association. 

Vous voulez présenter un livre que vous avez aimé ou voire détesté, vous voulez réagir à une note de lecture, vous pouvez envoyer votre texte à cette adresse webmaster@ledireetlecrire.com.   



 

Finalement, on va arriver à simplement dire : je suis ce que je suis »

 

Entretien de Catherine Dana avec Maryse Condé datant du 31 janvier 2001 et republié par AFRICULTURES.com


Guadeloupéenne, vivant et enseignant aux Etats-Unis, à l’Université de Columbia, Maryse Condé publie un nouveau livre : Célanire cou-coupé (Robert Laffont), roman fantastique qui se situe en Côte d’Ivoire pendant la colonisation. A l’occasion de sa sortie, l’écrivain récapitule sa position sur l’engagement, l’identité et la patrie.


Vous disiez à propos de votre dernier livre, Contes vrais de mon enfance, qu’il vous a permis de reposséder une terre, une langue en tant que femme.
M.C : Toute mon enfance a été en fait me transformer, transformer l’enfant que j’étais en une très bonne copie d’une française. Il fallait bien travailler à l’école, il fallait bien parler français, il fallait oublier enfin tout ce qui pouvait m’empêcher d’atteindre ce que mes parents croyaient l’idéal. Les Antilles, c’était un vague décor, des cocotiers et peut-être la montagne mais ce n’était pas une terre avec éventuellement une culture. Après, il a fallu réapprendre, ou même apprendre, ce que c’est qu’être Antillais, découvrir en fait ce que ça signifie d’être née là et pas ailleurs, définir ce rapport à une île que vous ne connaissiez pas du tout, c’était très long. Et un des moyens qui m’a permis d’exprimer cette repossession, c’était écrire...





Maryse Condé

1934-2024




A propos du livre "Incendire. Qu'est-ce qu'on emporte ?" d'Hélène Cixous


1*- Une conversation avec Hélène Cixous sur le site legrandcontinent.eu, le 21/04/2024


"Dans une conversation fleuve avec le critique d’art Hans Ulrich Obrist, elle jette des ponts entre la permanence d’un ailleurs très ancien et le motif tout proche de la fin du monde pour penser son rapport à la langue et à l’inachevé — accompagnée par Montaigne, Kafka, Rilke, Ronsard, Moïse et la Méduse ..."



2*- Un article de EN ATTENDANT NADEAU, le 1 décembre 2023


"Les éditions Gallimard publient coup sur coup deux livres d’Hélène Cixous : Incendire. Qu’est-ce qu’on emporte ? et Il faut bien aimer. Séminaire 2004-2007. Dans le premier, Cixous plonge son lecteur dans un flot autobiographique et poétique déclenché par l’expérience traumatique de l’incendie survenu en 2022 dans le bassin d’Arcachon. Le second regroupe les séances de trois années du séminaire inauguré par Cixous à l’université de Vincennes voilà presque cinquante ans et qu’elle continue de donner à ce jour. D’un volume à l’autre, on est saisi par la vigueur, la perspicacité et l’inventivité avec laquelle cette grande figure de la pensée française poursuit son entreprise de déchiffrement du monde, servie par une puissance de lecture inouïe et une écriture virtuose ..."



3*- Un article de DIACRITIK, le 17 Octobre 2023


"Incendire. Le livre d’Hélène Cixous effectue ce que le titre annonce, il incendie-incendit le réel, la littérature, il propage un brasier verbal qui élève la langue au rang de phénix, de création immunisée contre son devenir cendres. L’invité qui s’est imposé au Livre, lequel a pris H. C. d’assaut, s’appelle la Guerre. Sous toutes ses formes informes qui n’en composent qu’une. Les livres de Cixous creusent des terriers... "



« Le même livre, de livre en livre »


Un entretien avec Catherine Safonoff sur le site EN ATTENDANT NADEAU (16 avril 2024)


Depuis que nous lisons Catherine Safonoff, nous avions envie de l’interroger tant son œuvre nous parle intimement. La sortie de son nouveau récit, La fortune, a été l’occasion d’échanger au téléphone, longuement. Catherine Safonoff parle avec générosité et netteté, cherchant toujours à éclaircir la moindre zone d’ombre. La suspension des voix dans la liaison téléphonique demande à chacune des interlocutrices de prêter la plus grande attention aux propos qui ne sont soutenus par aucun visage. Mais en l’écoutant, nous avons progressivement vu se dessiner un regard, un visage, et nous avons réellement partagé, en présence, ce moment...




 

Une terre et des livres


Un dossier de EN ATTENDANT NADEAU


Depuis sa création en 2016, En attendant Nadeau traite des réalités israéliennes et palestiniennes à travers la littérature, l’histoire, la sociologie… Autant de manières d’appréhender la complexité d’une histoire commune à tous les peuples d’une même terre et de donner par les livres, nos manières de les lire, des espaces pour penser le passé et le présent, leurs violences et leurs espoirs. C’est pourquoi nous vous proposons de redécouvrir, dans l’ordre chronologique de leur parution, des articles d’une grande variété au sein d’un dossier spécial que les nouveaux articles de nos collaborateurs continueront d’enrichir. Une telle chronologie des livres propose une autre manière de lire l’histoire en cours.



 

Tout appartient à tous - Réflexions sur l'identité, la politique et le droit de parole.


Un texte d'Edouard Louis publié le 12 avril 2024 sur son compte FACEBOOK


Hier un directeur de théâtre qui veut mettre en scène une adaptation d'un de mes livres m'a écrit, disant qu'il n'était pas sûr d'être légitime pour raconter mon histoire, puisqu'il est hétéro et que je suis gay, écrivant sur l'homosexualité Voici ce à quoi j'ai répondu, et j'ai pensé que ce serait une bonne idée de le partager, de dire une fois pour toutes ce que je pense de ces questions ...


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"L'art, c'est quand on met sa culture en danger"


Un entretien avec Dany Laferrière - France Culture le 12 avril 2024


L'auteur Dany Laferrière interroge les clichés et les ambigüités du déracinement. D'origine haïtienne, naturalisé canadien, entré à l'Académie Française, auteur de "Je suis un écrivain japonais", il a créé une oeuvre composite à son image.




 

«Celle qui conte n’a pas de haine dans son cœur»


Une conversation avec Scholastique Mukasonga (son dernier livre "Julienne"), publiée par le site legrandcontinent.eu le 6 avril 2024


Comment écrire pour ceux qui ont été massacrés ? Cette question hante l’œuvre de Scholastique Mukasonga qui a érigé des « tombeaux de papiers » pour les 37 membres de sa famille assassinés pendant le génocide des Tutsi. Dans ce long entretien, la romancière revient sur son parcours, son éveil à la littérature et sa volonté d’articuler par la langue les passés et le présent du Rwanda...



Nancy Huston, toutes les voix du monde


Propos recueillis par Joséphine HOBEIKA, le 04 avril 2024 pour L'Orient Le Jour Littéraire


Le dernier roman de Nancy Huston, Francia, met en scène Ruben qui a grandi à Girardot, en Colombie, et qui préfère le monde des femmes. Adolescent, il part pour Bogota où il se travestit et se prostitue. Après sa transition, elle choisit le nom du pays où elle a décidé de s’installer : Paris, et devient Francia. Le roman éponyme déroule une de ses journées qui s’articulent autour de dix-sept clients et quatorze passes acceptées. Artiste de l’architecture narrative et de la pluralité des voix discursives, Nancy Huston propose une structure ternaire pour chaque épisode. Les pensées d’un homme et le dévoilement progressif du tropisme qui va le conduire au Bois de Boulogne, chez Francia, puis son intériorité à elle, qui condense un passé chargé et sa rencontre avec le client. Au cœur du triptyque, l’ellipse de l’acte sexuel.

Entre le jeune homme bourgeois contraint par des injonctions parentales et conjugales, l’étudiant brillant et puceau, le touriste qui souhaite « faire au moins une chose tout seul avant la fin du voyage », ou l’époux veuf et inconsolable, la galerie de portraits est saisissante et fait écho aux blessures humaines et contemporaines. La lecture est haletante, et la dynamique concentrique autour du personnage lumineux de Francia crée un effet d’unité romanesque immédiat. La variété tonale enchante le lecteur et n’a de cesse de le surprendre, clins d’œil littéraires, humour déjanté ou grivois, passages doucement ironiques ou tragiques ...


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Le Palais Mawal de Dominique Eddé : le roman du temps perdu


Propos recueillis par Georgia Makhlouf, le 04 avril 2024 pour L'Orient Le Jour Littéraire


Le Palais Mawal est une belle demeure au cœur de Beyrouth. Elle a gardé un charme incomparable mais elle tombe en ruines et ses propriétaires qui l’ont hypothéquée n’ont plus les moyens de la rénover. Ils continuent néanmoins à l’habiter, ou plutôt à l’habiter à moitié, puisque si Léonora, la maîtresse des lieux, y vit toujours, son époux, Salim, occupe une chambre dans un hôtel du bord de mer. L’amour a été leur grande histoire commune, mais une ombre continue de planer au-dessus de leurs têtes, celle de Yaman, un cinéaste turc pour qui Léonora a conçu une grande passion. Leur fils Riad s’est éloigné d’eux, plein de rancœur à leur égard, pour des raisons autant affectives que politiques : il ne se reconnaît ni dans leur mode de vie ni dans leurs idéaux. Il se sent de plus en plus proche des partis chrétiens et de leurs choix politiques. La menace islamiste s’invite dans le roman et va faire basculer le cours plus ou moins tranquille des choses. Tout cela se déroule dans le contexte d’un Liban qui danse au-dessus du gouffre, menacé dans son existence même ...


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Deux articles de EN ATTENDANT NADEAU à propos de livres de Mathieu Belezi


Contre-geste du colonialisme   (2 avril 2024)


Suite au succès d’Attaquer la terre et le soleil (Prix du Livre Inter, Prix du Monde, près de 90 000 exemplaires vendus), Frédéric Martin, éditeur du Tripode, entreprend d’« orchestrerla réédition intégrale » des autres livres de Mathieu Belezi, épuisés et devenus difficiles à trouver.

Ce qui constituait un seul livre en 2011, Les vieux fous, reparaît aujourd’hui en deux romans : Le temps des crocodiles, équipée sanglante et absurde d’un capitaine français jusqu’au Sahara, et Moi, le glorieux, sidérant monologue crépusculaire du même personnage, devenu centenaire, aux dernières heures de l’Algérie française. Pour dénoncer le colonialisme, Mathieu Belezi a fait le choix vertigineux de donner sur trois cents pages la parole à un de ses hérauts majuscules, un colon archétypal qui les contient tous....



La contre-épopée du colonialisme (21 septembre 2022)


Au milieu du XIXe siècle, en Algérie, Mathieu Belezi donne la parole aux sans-grades de la conquête, une femme colon et un soldat. Pour déconstruire les mensonges originels de la colonisation, Attaquer la terre et le soleil prend les accents successifs d’une épopée mort-née, d’un conte cruel, d’une tragédie sans grandeur. La langue, littéraire, scandée, rythmée, vise à mettre en lumière les mécanismes d’instrumentalisation des anonymes, leur assujettissement à une idéologie. Le pari romanesque est réussi.

Séraphine et sa famille ont cru au « paradis que le gouvernement de la République nous avait promis ». Ils ont rêvé d’échanger leur pauvreté contre la colonisation de l’Algérie. Cependant, la jeune femme déchante dès les premières lignes du livre : « J’ai pleuré, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer quand nous sommes arrivés et que nous avons vu la terre qu’il allait falloir travailler ». Rien n’est prêt ...





Christine Angot : contre le silence, dire, écrire, montrer (Une famille)


Un article de DIACRITIK, le 2 avril 2024, à propos du film UNE FAMILLE


Une famille est à l’image d’une des scènes données à voir dès les premières minutes : Christine Angot réalisatrice s’introduit de force dans la maison de la dernière femme de son père. Depuis la mort de son mari, elle n’a jamais répondu aux appels de Christine Angot, n’a jamais essayé de comprendre, n’a jamais voulu savoir. Car l’inceste, c’est un peu cela, dans notre société. On a préféré, jusqu’à quelques années encore, ne pas en parler, ne pas entendre, ne pas écouter.Avec Une famille, Christine Angot entre chez cette femme qui a fermé les yeux et qui pense que cette histoire n’est que celle de Christine Angot quand l’autrice-réalisatrice affirme au contraire qu’il s’agit de celle de tous ceux qui ne veulent pas en parler et qui, par leur silence, font le jeu des bourreaux, des violeurs. Elle a de la peine de pour Christine. Mais Angot ne veut la peine de personne. Elle veut des mots. Des paroles. Elle exècre le silence ...



 

« Aujourd’hui nous sommes 8 accoucheuses de rue en France »


Un entretien avec Anne Lorient, paru sur le site 50/50, le 18 mars 2024


Anne Lorient a passé 17 ans de sa vie dans la rue en tant que SDF où elle a subi de nombreuses violences et mis au monde un enfant. La publication de son livre Mes années barbares (écrit avec Minou Azoulai et publié aux éditions de la Martinière), lui a valu beaucoup d’offres d’aides et pour les centraliser elle a fondé en 2016 l’association Anne Lorient. Ses objectifs étaient au départ de faire des collectes de vêtements et des collectes alimentaires pour aider les femmes SDF. Depuis les missions de l’association se sont élargies face aux besoins de ces femmes, Anne est devenue aussi « accoucheuse de rue ».



 

« À contre-courant : arts, politique et transformation sociale »


L'introduction de la revue PASSERELLES n° 25-mars 2024


L’art est souvent présenté comme synonyme d’esthétique, de beauté, neutre socialement et politiquement. Or, que ce soit en faveur du statu quo ou bien de la transformation sociale, l’art contribue à façonner nos modes de pensée, de sentir, d’aborder le monde. Le pouvoir de l’art a été largement utilisé par les puissant·es dans l’Histoire : au service de régimes fascistes ou dictatoriaux, les artistes officiel·les ont été de puissants outils de propagande. À l’inverse, les arts peuvent être des vecteurs importants de changements vers plus de justice sociale, plus de respect de l’être humain et de l’environnement. Loin de la « neutralité » de l’art et de l’esthétisme pur, certains courants de l’activisme artistique revendiquent leur lien intrinsèque avec les mouvements sociaux qui agitent leurs sociétés.



 

« La réception d’un rescapé en classe ne s’improvise pas » -  Transmission de la mémoire du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en milieu scolaire 

 

Un entretien avec Chloé Créoff (dans AFICULTURES du 27/01/2023)


Chloé Créoff est membre de la Ligue de l’enseignement. Elle coordonne un dispositif d’accueil de témoins-survivants du génocide des Tutsi au Rwanda en milieu scolaire.





Trois livres sur

le génocide des Tutsi




La Palestine à la nuit tombée


Un article paru le 19 mars 2024 dans EN ATTENDANT NADEAU à propos du livre "Le palais des deux collines" (réédition au format poche) de l'écrivain palestinien Karim Kattan


La nostalgie n’interdit pas d’avoir l’esprit combatif. L’attachement à sa terre natale n’empêche pas l’humour et n’est pas le fait exclusif de personnes d’âge mûr. Karim Kattan est un écrivain jeune. Il est né en 1989 à Bethléem, il y a grandi et il écrit en français (et en anglais). Le palais des deux collines a été publié en 2021, bien avant la guerre déclenchée par les massacres du 7 octobre 2023, mais le roman vient de reparaître en poche chez Elyzad, son éditeur tunisien. C’est un petit palais de papier au rythme enlevé, à la trame éclatée, au ton à la fois stupéfié, enragé et aimant. C’est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir une Palestine antique mais menacée, que l’écrivain sauve du piège réaliste en la voilant d’une brume magique inattendue.



 

La ville de Paris propose sur son site "Paris.fr"


10 balades à faire à l’ombre des poètes

Le Printemps des poètes fête cette année ses 25 ans. Une excellente raison pour partir en balade dans Paris et croiser quelques grandes figures figées pour l’éternité.



8 romans dont la Seine est l'héroïne

La Seine, un long fleuve tranquille ? Pas à en croire les romanciers à qui elle a inspiré nombre d'histoires riches en rebondissements. Qu'elle en soit le décor ou qu'elle y joue les premiers rôles, voici quelques livres où la Seine est sur le devant de la scène.





La barbarie coloniale en Algérie par Mathieu Belezi


Un entretien  avec l'auteur de "Attaquer la terre et le soleil", "Moi le glorieux" et "Le temps de crocodiles" - France Culture, le 11 mars 2024


"Vieux comme l'occupation française en Algérie, violent comme elle, obèse comme toute volonté impérialiste, colérique, obsédé sexuel, démesurément ogresque, sexiste, raciste, antisémite, Albert Vandel est l'autre nom de la domination coloniale. Il veut jouir de tout et sans limites, alors que la guerre de libération est en cours. C'est la voix de ce personnage qui tonne dans Moi, le glorieux ancien nouveau roman de Mathieu Belezi publié aux Éditions du Tripode. Le romancier y creuse encore ce territoire algérien et les 132 années de colonisation française ..."



 

"Je ne fais pas du cinéma, le cinéma se fait en moi"


Un entretien avec Moussa Sène Absa, réalisateur sénégalais. Paru dans Aficultures, le 29 février 2024


Moussa Sène Absa était présent à Barcelone pour présenter son film Xalé au festival de cinéma africain Wallay, du 25 au 31 mai 2023. Cet entretien explore les choix esthétiques de l’artiste, ainsi que son imaginaire, afin de comprendre son enracinement dans sa culture et son ouverture vers le monde....



 

Actualité de la poésie


Le site EN ATTENDANT NADEAU a mis en ligne, dans une rubrique intitulée "A l'écoute", des articles consacrés à la poésie contemporaine


Si des recueils de poèmes continuent de paraitre, on le doit aux 300 passionnés qui, avec de petits moyens, s’obstinent à les publier, et à quelques éditeurs puissants qui défendent une conception globale de la littérature. Il manque aujourd’hui dans la presse nationale, des espaces susceptibles d’informer de la multiplicité des démarches poétiques et de fournir des clefs pour leur lecture.

La chronique À l’écoute tente d’inventer un de ces lieux. Avec ses ensembles d’articles courts mais signés, accordant une attention particulière (ce qui ne signifie pas exclusive) aux livres sortis en province, ou signés par des inconnus, elle espère convaincre les amateurs de roman et d’essais d’aller plus qu’un « amour de la poésie » nourri par de vagues souvenirs. (Gérard Noiret)



 

Hemley Boum : « Nous sommes vivants, nous résistons »


Propos recueillis par Georgia Makhlouf pour L'Orient Littéraire, le 7 mars 2024


Hemley Boum est née au Cameroun où elle entreprend des études d’anthropologie avant de poursuivre à Lille des études de commerce international. Puis, elle rentre au Cameroun en tant que responsable grands comptes de la filiale camerounaise d’une société française. Elle vit ensuite dans plusieurs pays africains avant de s’installer à Paris en 2009, et de se consacrer à l’écriture. Elle a déjà publié quatre romans, traduits en plusieurs langues. Les Jours viennent et passent (Gallimard) obtient le Prix Ahmadou Kourouma 2020, Les Maquisards (La Cheminante) est récompensé par le Grand prix littéraire d’Afrique Noire 2016 et Si d’aimer (La Cheminante) décroche le Prix Ivoire du livre francophone en 2013.

Vient de paraître Le Rêve du pêcheur (Gallimard) qui met en scène les membres d’une famille camerounaise à l’épreuve de la cruelle marche du monde et qui raconte de quelle façon les firmes internationales exploitent les ressources locales et détruisent des économies fragiles, réduisant de ce fait des communautés humaines entières à la pauvreté et la dépendance. Le roman entrelace deux histoires et deux temporalités : celle de Zack qui fuit le Cameroun à dix-huit ans dans des circonstances tragiques qui l’obligent à couper les liens avec ses proches. Il devient psychologue clinicien à Paris avant d’être rattrapé par son passé. Et celle de son grand-père Zacharias, heureux pêcheur d’un village côtier, qui voit sa vie bouleversée par les visées d’une compagnie forestière qui lui fait entrevoir une vie meilleure avant de le réduire, par l’endettement, à une situation de quasi-esclavage. Dans une langue ciselée et lumineuse, et par le moyen d’une construction romanesque maîtrisée avec brio, Hemley Boum nous emmène à la rencontre de personnages denses et attachants et de paysages subtils. Elle compose une magnifique fresque, à l’écoute des enjeux du monde et des interrogations qu’il pose : « De quel délai disposons-nous avant que l’avidité du monde, l’avidité des nôtres, écrase notre paradis de ses bottes dégueulasses ? Quelle légitimité avons-nous pour continuer d’appeler nôtres les lieux dont nous nous sommes enfuis ? » Et plus loin : « L’exil est un bannissement et une mutilation, il y a là quelque chose de profondément inhumain. Quel que soit le danger que l’on fuit et le soulagement de s’en éloigner, chacun mérite de garder quelque part en lui l’espoir d’un retour. » Réflexions fondamentales qui nous concernent tous...


  • L'intégralité de l'entretien ICI ou ICI



 

Comment la littérature du réel renouvelle les sciences sociales


Un article publié par NONFICTION.fr (le 22/02/2024)


Ivan Jablonka revient sur son itinéraire d’historien et expose son art de la méthode, à cheval entre histoire et littérature.


L’originalité de l’œuvre d’Ivan Jablonka est désormais bien connue, en particulier depuis la publication de Laëtitia (2016), prix Médicis, ou du plus récent Goldman (2023), tous deux parus au Seuil. En parallèle, outre son activité d’enseignant-chercheur, il a travaillé avec Pierre Rosanvallon en tant qu’éditeur pour la revue La Vie des idées et la collection « La République des idées ». Le Troisième continent, ou la littérature du réel, un recueil d’une trentaine d’articles, comptes rendus, entretiens et discours, nous invite cette fois-ci dans l’atelier de l’historien et éditeur.

Le Troisième continent

À rebours de la répartition classique entre le monde de la littérature, et en premier lieu du roman guidé par l’idée de fiction et le principe de plaisir, d'une part, et celui de la recherche, où domine l'idée de vérité, d'autre part, Ivan Jablonka propose une « nouvelle cartographie des écritures » où émerge un « troisième continent », celui de la « littérature du réel »....




L'avenir est dans la relation


Un article de AfriCultures (22/02/2024) à propos du film Black Tea, d’Abderrahmane Sissako


En compétition à la Berlinale et en sortie le 28 février 2024 dans les salles françaises, le nouveau film très attendu du cinéaste césarisé, dix ans après Timbuktu, ne déçoit pas. Il est d’une impressionnante beauté et d’une remarquable finesse de propos.

Dès la première image, à la fois la gravité et l’humour de Sissako : un couple attend que soit célébré leur mariage et chacun a un mini-ventilateur portatif pour conjurer la chaleur ! Car ce film est question de regard : il y avait déjà des ventilateurs dans Bamako, ce film superbement lunaire où les femmes sont, tout comme ici, les principaux moteurs, où chaque image a, comme ici, sa beauté propre et ses strates de significations. Ces petits ventilateurs soulignent que lorsque la conscience est convoquée, un bol d’air est possible si l’on veut bien voir les choses en face. Et c’est ce que fait Aya, qui forge son regard au fur et à mesure de ses rencontres....



 

« Je n’ai pas fini d’explorer ce que m’offre le théâtre »


Un entretien avec Emmanuelle Bayamack-Tam - dans DIACRITIK le 28/02/2024


Emmanuelle Bayamack-Tam est l’autrice de plusieurs romans (publiés chez P.O.L), plusieurs fois primée et reconnue pour son univers foisonnant et généreux, avec des personnages complexes, des situations familiales, amoureuses, relationnelles intenses. On y retrouve des questions récurrentes sur l’identité, la sexualité, la famille, l’amour, la transgression, la marginalité, l’adolescence. Inspirée et prolifique, elle est aussi la co-scénariste de L’été l’éternité, film sorti au printemps 2022 et a par ailleurs écrit sous le pseudonyme Rebecca Lighieri des romans également primés. À cette bibliographie déjà bien fournie s’ajoutent deux pièces de théâtre : À L’abordage et Autopsie Mondiale, toutes deux créées au théâtre de la Tempête (Cartoucherie Vincennes) par le metteur en scène Clément Poirée. Rencontre, à Orléans, le 8 février 2024....



 

Mes livres du mois


Tous les livres dont Pierre Ahnne a parlé sur son blog pendant le mois de février 2024




Icon of French Cinema & Sambre : même combat


Un article de DIACRITIK, le 26/02/2024


"Je serais le cinéma français, je me questionnerais jusqu’au bout de la nuit, voire au bout de l’année. Il a fallu une série qui se donnait à l’origine comme une bluette présentée comme douce-amère et au ton décalé, avec ce titre en franglais un peu absurde pour que Judith Godrèche devienne une porte-parole(s), qu’elle verbalise le drame qu’elle a vécu en tant qu’enfant (parce qu’à 14 ans on est encore une enfant), en tant que femme, en tant qu’actrice.

Il a fallu Icon of French Cinema pour que quelqu’un pose la question : « Dans la série vous évoquez un réalisateur avec qui vous avez eu une relation quand vous aviez 14 ans et lui 40, à quel moment vous vous êtes dit que cette relation n’était pas normale ? » Au-delà du fait que la réponse ..."



 

Boîtes à livres : les raisons du succès


Un article de LivresHebdo du 13 février 2024


Malgré leur discrétion, les boîtes à livres rencontrent un indéniable succès. Une enquête menée auprès de plus de 1 300 usagers vient de révéler la diversité des usages et des publics de ce dispositif. Ce texte qui synthétise les résultats a été largement lu (plus de 90 000 vues) et relayé par plusieurs médias (France Culture, Slate, France 3 Lorraine). Comment rendre compte de l’intérêt suscité par les boîtes à livres ? Qu’est-ce que cela dit de qui sont les lecteurs aujourd’hui ?



 

La GP au mitard


Un article de En attendant Nadeau, le 6 février 2024, à propos du livre de Jean Pierre Martin "N’oublie rien"


Dans Le laminoir (Champ Vallon, 1995), Jean-Pierre Martin contait sous une forme romancée son expérience d’établi volontaire en usine au sortir de Mai 68. Dans un nouveau récit inspiré d’une de ses vies antérieures et intitulé N’oublie rien, il revient cette fois sur son emprisonnement en 1970 pour « apologie du crime d’incendie volontaire », alors qu’il était un militant de base au sein de la Gauche prolétarienne. Avec ce récit sincère, qui n’écrase jamais sous le sarcasme le jeune homme révolté qu’il fut, Jean-Pierre Martin nous rappelle que cet engagement fut guidé par un geste aussi romanesque que politique et dont la portée fut peut-être avant tout existentielle. Un roman vécu aussi prenant qu’instructif ...




 

Au Québec, des livres prescrits à l'hôpital pour se soigner


Un article de LivresHebdo paru le 22/02/2024


Le dispositif encore en phase pilote vise à davantage accompagner les patients dans certains domaines comme la nutrition, la pédiatrie, la psychologie et les “soins spirituels”.

Prescrire un livre en guise de remède. L’idée peut paraître idéaliste, et pourtant elle ne découle pas d’un récit utopique. Le CHU de Québec a lancé début février la deuxième phase de son projet pilote en partenariat avec la bibliothèque de Québec. ...


 

Pourquoi Ernaux, Angot et Despentes explorent d'autres médias ? 


Extrait de la lettre des Inrocks du 22 février 2024


La semaine prochaine s’ouvre l’expo Extérieurs : Annie Ernaux & la photographie. Attention, cette exposition n’est pas conçue par Annie Ernaux, et il s’agit encore moins de ses propres photos, mais elle a été réalisée avec “sa complicité” – juste son accord ? – sans qu’on en sache vraiment plus. C’est la curatrice anglaise Lou Stoppard (qui a longtemps officié en tant qu’intervieweuse mode sur le site du photographe Nick Knight, Showstudio) qui a eu la belle idée de mettre en résonance des photos issues du fonds de la MEP, à Paris, avec des extraits du fascinant Journal du dehors d’Annie Ernaux.

 

L’expo se compose de cinq salles pensées selon des thématiques –“Intérieur/extérieur”, “Traversées”, “Faire société”, etc. – inspirées du livre, et chaque photo est accompagnée d’un extrait de ce texte passionnant dans l’œuvre d’Ernaux. En 1993, un an après la parution de Passion simple, livre entièrement tourné vers l’auscultation de ses impressions, ses inflexions de femme passionnément amoureuse en attente de son amant, l’écrivaine fait un pari en apparence inverse : braquer son projecteur sur le dehors, les autres, ces inconnu·es saisi·es dans les rues, les magasins, le RER, le train ...





Donnez à Lire


Bilan de l'opération de l'année 2023


""Grâce à vous, 22 000 livres ont été offerts aux enfants accompagnés par le Secours populaire via Donnez à lire en 2023. Un record de collecte depuis le début de l'opération !

Nous sommes très heureux de vous annoncer que la 8e édition de l’opération Donnez à lire à laquelle vous avez participé du 17 octobre au 20 novembre 2023 a mobilisé plus de 750 librairies.
Chaque année, vous êtes de plus en plus nombreux à nous rejoindre : vous étiez 270 librairies participantes en 2019, 400 en 2020, 500 en 2021, 600 en 2022 et 750 aujourd'hui ! ..."




 

La littérature, encore !


Un article de EN ATTENDANT NADEAU,  le 13 février 2024


"Écrire, pour quoi ? Qu’est-ce que la littérature ? demandait-on il y a peu. Il n’est pas certain que la question hante encore les consciences contemporaines : d’autres urgences semblent avoir pris le relais. Pourtant, est-ce un hasard, plusieurs essais viennent de paraître, qui remettent sur le métier la raison d’être de la littérature. Nous en avons retenu trois parce qu’ils ont en commun d’avoir l’humour de la rage, de l’énergie et de la dérision. Les questions qu’ils posent sont évidemment fort sérieuses. ..."



 

Entretien avec Pierre Bergounioux paru sur le site BALLAST, le 30 janvier 2024


Pierre Bergounioux : « La littérature est par essence dissidente » 1/2

« La rage de Pierre Bergounioux est ancienne, inépuisable, elle le jette contre les choses et le temps, elle se retourne contre lui, elle le mord, le lacère, lui montre constamment les crocs, elle ne désarme pas ; lui non plus.  Qui de mieux que Marie-Hélène Lafon pour présenter en peu de mots son camarade, enseignant et écrivain, comme elle ? Figure de la littérature contemporaine et voix forte d’un monde paysan qu’il a vu disparaître, Pierre Bergounioux est l’auteur de romans, qui l’ont fait connaître au mitan des années 1980, avant de se consacrer à des essais et à des récits. Leur dénominateur commun : donner un texte aux « contrées retardataires » et à leurs habitants qui, avant, n’en avaient pas eu, tout en exigeant, inlassablement, une égalité pleine et entière pour tout citoyen. Nous l’avons rencontré en Corrèze, où il est né, a grandi, et revient chaque année pour retrouver la forêt et sculpter des statuettes en ferraille. Premier volet de notre échange : la littérature » ...



Pierre Bergounioux : « La passion française, c’est l’égalité » 2/2

« On ne se refait pas : il n’est pas rare d’entendre Pierre Bergounioux répondre de cette simple phrase, qu’on lui demande les causes de son attachement aux écrits de Marx et de ses continuateurs, les raisons de son style ou encore pourquoi l’égalité reste, coûte que coûte, le principe directeur auquel il croit. C’est en découvrant ses prises de position politiques et, plus encore, en ouvrant ses essais sur la littérature, qu’on prend la mesure de l’influence qu’a eue et a encore sur l’écrivain le poids de l’Histoire. Des premiers systèmes cunéiformes à la prose de William Faulkner, Pierre Bergounioux ne cesse d’expliquer l’accès à l’écriture à partir des conditions économiques qui ont permis son émergence, jusqu’à ce que la « petite société périphérique » qui l’a vu naître aux marges du Massif central trouve enfin le droit d’être décrite. Second volet de notre entretien : sciences sociales et politique » ...




Le site BALLAST

 

Neige Sinno : raconter, malgré tout, le viol et l’inceste


Un article du site NONFICTION.fr (3 février 2024) à propos du livre "Triste tigre" de Neige Sinno


Prix Femina 2023, Triste tigre livre un témoignage mais aussi une réflexion sur le traumatisme subi par son autrice, Neige Sinno. Cette dernière analyse avec pudeur mais clarté l’effroyable expérience du viol et de l’inceste, phénomène complexe qui ne se résume pas à sa violence patente. L’acte même, parfois répété, du viol, implique des rôles, victime-bourreau, et tout un système sociétal qui tait ce dysfonctionnement, réduisant ainsi paradoxalement la voix des victimes au silence. Car Triste tigre jette un regard sans compromis sur une réalité sociale résultant de mécanismes ambivalents, voire ambigus, où le statut même de la victime se trouve fragilisé par l’empreinte des ténèbres qu’elle porte sur son visage. Cette œuvre sans précédent pose du sens sur une expérience traumatique qui ne se clôt pas par une reconstruction, une résilience, mais qui a plus simplement pour suite une vie que l’on fait la moins insupportable possible après avoir vécu l’insoutenable.

Témoigner de l’inceste

Neige Sinno explique son expérience du viol ...




 

Mes livres du mois


Tous les livres dont Pierre Ahnne a parlé sur son blog pendant le mois de janvier 2024



Dans la maison de mon père, Joseph O’Connor


Un article de Pierre Ahnne sur son blog


"Dans Le Bal des ombres (1), déjà, Joseph O’Connor mariait le roman biographique au roman historique dans une atmosphère ostensiblement empruntée à la fiction – gothique, en l’occurrence, le personnage central du récit étant Bram Stoker, et son décor la Londres de Jack l’éventreur.

Ici, c’est d’un autre grand Irlandais qu’il s’agit, et la dimension historique revêt peut-être encore plus d’importance. Hugh O’Flaherty, prêtre catholique « élevé au rang de monseigneur », enseignant et diplomate au Vatican, sportif par ailleurs, cultivé, titulaire de trois doctorats, organisa une filière d’évasion pour les prisonniers alliés et pour les juifs dans Rome occupée par les nazis après l’instauration de la République de Salo. ..."



 


 

Des expériences d'ateliers d'écriture à la Maison des Femmes de Saint-Denis


Article publié sur le blog MADIAPART de la Maison des Femmes (24/01/2024)


Cet atelier vise à permettre aux patientes prises en charge dans le parcours de soin de la Maison de femmes de l’hôpital Delafontaine de s’exprimer dans le cadre d’exercices d’écritures encadrés. Ce n’est pas un groupe de parole mais une espèce de cercle de jeux de mots, dont on espère qu’il donnera la possibilité aux femmes de se réapproprier les mots et l’envie de s’en servir.



 

« Loi immigration, la centrale du tri »


Un article de Mohamed Mbougar Sarr, dans MEDIAPART le 25 janvier 2024 [prix Goncourt en 2021 pour "La Plus Secrète Mémoire des hommes").


"Je suis venu en France en 2009 pour y commencer mes études supérieures. On m’a souvent demandé pourquoi j’avais choisi ce pays plutôt qu’un autre afin de poursuivre mon chemin dans la vie. J’invoquais, entre maintes raisons, de grands vocables aux pesantes majuscules : Littérature, Humanisme, Philosophie, République, Lumières, Droits de l’Homme, Égalité. Je n’ignorais pas, pour être né et avoir grandi sur une terre où elles avaient eu cours et laissé de profondes cicatrices, les atrocités que la France avait commises au nom de ces nobles emblèmes et principes ; mais je ne voulais pas juger tout un pays − un pays qui m’accueillait pour me former − en le réduisant à son passé ensauvagé et criminel...."



 

Après la loi immigration, mes raisons d’espérer malgré tout


La journaliste Nejma Brahim sur son blog de MEDIAPART (24/01/2024)


Dans un contexte où les idées d’extrême droite sont de plus en plus décomplexées, la loi « immigration » votée le 19 décembre a été un véritable coup de massue pour beaucoup de personnes vivant en France, qu’elles aient des papiers ou non. Je me compte parmi elles. Mais, chaque jour, des citoyens construisent la France de demain. Et c’est sans doute à cela que nous devons nous raccrocher.



 

Relire Beloved


Un article de Mohamed Mbougar Sarr, paru le 23 janvier 2024 dans EN ATTENDANT NADEAU


Pour En attendant Nadeau, Mohamed Mbougar Sarr a relu Beloved de Toni Morrison, dans sa nouvelle traduction par Jakuta Alikavazovic. Comment cette nouvelle interprétation change-t-elle l’un des plus célèbres romans états-uniens du XXe siècle ? D’où vient le sentiment de faire face, de phrase en phrase, à une densité qui surprend tant le lecteur ? Et que nous fait-il ressentir de Toni Morrison aujourd’hui ? L’auteur de La plus secrète mémoire des hommes (prix Goncourt 2021) mène l’enquête.




 

“Littérature et Révolution”


Un débat entre Kaoutar Harchi et Joseph Andras publié par les INROCKS, le 19 janvier 2024


En 2021, Kaoutar Harchi publiait Comme nous existons,

son septième texte, le récit

de son enfance d’émigrée marocaine dans une cité en banlieue.

Dès 2016, dans De nos frères blessés,

Joseph Andras racontait l’histoire d’un ouvrier

qui avait posé une bombe dans son usine à Alger, en 1956


Kaoutar Harchi et Joseph Andras viennent de publier ensemble “Littérature et Révolution”, un riche dialogue autour du pouvoir révolutionnaire de la littérature. Pour “Les Inrocks”, il·elles reprennent le fil de leur pensée.

Kaoutar Harchi et Joseph Andras partagent une même approche de la littérature et de la politique, et se sont retrouvé·es à travers un essai, Littérature et Révolution, qui s’inscrit comme une suite logique à leurs travaux respectifs. Tous deux sont écrivain·es, frôlent à peine la quarantaine et se sont fait remarquer ces dernières années avec des textes aux accents très politiques....



 

Pierre Ahnne à propos de "Qui-vive" de Valérie Zenatti


Une note sur son blog, le 20 janvier 2024


"C’est l’histoire d’une désorientation. « Mathilde est désorientée », la quatrième de couverture le dit et rarement formule aura été plus juste. Les temps, autour de l’héroïne-narratrice, se font étranges et étrangers : ça commence avec la mort de Leonard Cohen coïncidant presque exactement avec l’élection de Donald Trump ; et puis il y a les attentats, la pandémie, plus tard, l’Ukraine… Que dirait Mathile aujourd’hui ?

 

Cette professeure d’histoire heureuse en ménage, mère d’une jeune Lola plus adolescente que nature, ne reconnaît plus le monde et ne s’y reconnaît plus elle-même (« T’es là et t’es pas là, c’est relou », dit Lola). Ses propres sens lui jouent des tours, « senteurs de fougères », « goût de fromage blanc aux myrtilles » – et la perte complète des perceptions tactiles vient résumer métaphoriquement son état d’esprit...."



 

Une histoire qui tienne enfin debout


Un article paru dans En Attendant Nadeau, le 9 janvier 2024, à propos du livre IL NE FAUT RIEN DIRE de Marielle Hubert


"Les fantômes familiaux de Marielle Hubert ont la vie dure, très dure. Par ordre de préférence, et d’apparition : la mère, Sylvette, le grand-père, Armand, la grand-mère, Simone, sans oublier le grand-père de la mère. Tous ont de quoi donner du fil à retordre à l’autrice d’un livre qui tait et dit si bien son nom ..."




 

Portrait d’une femme en quinze poètes


Un article de DIACRITIK, le 19/01/2024 (à propos du livre de Cécile A. Holdban, Premières à éclairer la nuit, « La rencontre », Arléa, janvier 2024)


"Cécile A. Holdban désirait faire résonner une autre histoire, celle à travers les âges d’une poésie « écrite par des femmes », de Sappho à Christine de Pizan jusqu’à Marceline Desbordes-Valmore. Mais entre le siècle dernier, qui dans la perspective qui était la sienne ne ressemble à aucun autre, et les époques précédentes, elle constata que le chant était trop discontinu, ou que la dimension encyclopédique trahissait des manques qu’il aurait fallu malgré tout justifier. Premières à éclairer la nuit est un portrait épistolaire de quinze femmes poètes, toutes traversées différemment par l’histoire du XXe siècle...."



 

La transmission du livre... en prison


Un entretien avec  Blandine Scherer, bibliothécaire à la prison des Baumettes (Marseille). Article paru sur le site de l'Agence régionale du Livre en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 30 octobre 2023


Comment devient-on bibliothécaire en centre pénitentiaire ? En quoi cela consiste-t-il ? Quelles sont les conditions d’exercice et les enjeux ? Blandine Scherer, qui occupe cette fonction aux Baumettes, à Marseille, nous en dit plus sur son poste assez rare....



 

« La mémoire de Georges Perec est foncièrement trouée » (Georges Perec et ses lieux de mémoire)


Un entretien avec Annelies Schulte Nordholt dans DIACRITIK, le 15 janvier 2024


Annelies Schulte Nordholt enseigne la littérature française à l’Université de Leyde (Pays-Bas). Spécialiste de Blanchot et de Proust, elle a écrit de nombreux articles sur la littérature moderne et contemporaine. Sur la littérature de la Shoah, elle a notamment publié Perec, Modiano, Raczymow. La génération d’après et la mémoire de la Shoah (Amsterdam, Rodopi, 2008) et le volume collectif Témoignages de l’après-Auschwitz dans la littérature juive-française d’aujourd’hui (Amsterdam, Rodopi, 2008). Son dernier livre, Georges Perec et ses lieux de mémoire. Le projet de Lieux (Leyde, Brill) a paru en 2022. Une édition brochée du livre a paru en novembre 2023.



 

Écrire son histoire de vie avec Aleph, le témoignage de Patrick Oudot de Dainville


Un entretien avec un stagiaire de la formation "Ecrire et éditer son histoire de vie" - Sur le site de L'INVENTOIRE, revue électronique d'Aleph Ecriture (8 janvier 2024)


En partenariat avec Bayard, l’atelier Écrire et éditer son histoire de vie propose l’aventure de la transmission écrite de son histoire de vie.

Patrick Oudot de Dainville a suivi ce parcours d’écriture, Bayard vient d’éditer son livre. Sylvie Neron-Bancel, en charge de ce programme conçu par Aleph-Écriture, lui a demandé ce qu’il retient de cette expérience humaine....



Un entretien avec Beata Umubyeyi Mairesse


Le 12 janvier 2024 dans la lettre des INROCKS


Trente ans après le génocide rwandais, Beata Umubyeyi Mairesse publie “Le Convoi”, le livre-événement de cette rentrée : une enquête qui reconstitue sa fuite du Rwanda à 15 ans en juin 1994, et celle des autres enfants qui furent sauvé·es par un même convoi humanitaire. Ou une plongée dans l’horreur...


 


 

En 2024, ne plus être courageuses ni formidables


Un article de Lola Lafon dans LIBERATION, le 7 janvier 2024


"N’attendez pas des femmes qu’elles changent seules les règles d’un système dont elles sont victimes, d’un ordre du monde qu’elles n’ont pas contribué à créer. Acceptez de voir vos certitudes, vos désirs questionnés. Agissez et prenez le relais. Mais le temps presse..."



 

Trophées de l'édition 2024


Des articles du site LivresHebdo


Livres Hebdo présente des nommés pour les Trophées de l’édition 2024 dans la catégorie éditeur ou éditrice de l’année.


  1. Marie Desmeures : l’ombre des génies littéraires (08/01/2024)  >>> Lire ICI
  2. Adrien Bosc « Tout part d’un appétit pour la littérature du réel » (09/01/2024)  >>> Lire ICI
  3. Antoine Caro : « La poésie est un accès direct au monde » (10/01/2024)  >>> Lire ICI
  4. Clément Ribes, arpenteur littéraire (11/01/2024) >>> Lire ICI
  5. Danaé Tourrand-Viciana : "La littérature, une façon de vivre mille vies" (11/01/2024)  >>> Lire ICI




Lire aussi les articles

Trophée de la Petite maison d'édition 2024


 

Les éditeurs contre-attaquent en créant un nouveau label pour distinguer les vrais auteurs des IA


Un article paru dans Libération, le 9 janvier 2024


C’est la maison d’édition Librinova qui, en partenariat avec l’entreprise Label Création humaine, qui a annoncé le 8 janvier son souhait de créer un label garantissant l’authenticité humaine d’une œuvre lorsqu’elle est publiée. Une très belle initiative alors que certaines plateformes comme Kindle Publishing d’Amazon subissent une réelle épidémie de livres entièrement conçus par IA.




Sur le même sujet,

un article dans

Le Parisien


 

« Evoquer les objets de sa vie, c’est toujours raconter quelque chose de soi, c’est raconter un peu (ou beaucoup) de sa vie »


Un article de Michèle Cléach (le 9 janvier 2024)


"Brocantes et vide-greniers ont toujours eu en France un certain succès. La pandémie, les difficultés financières d’une partie de la population, la conviction que nous n’avons pas d’autre choix, si nous voulons éviter la catastrophe écologique, de réduire notre consommation voire d’entrer dans la « décroissance », la nécessité de « s’alléger », participent de cette circulation des objets, de ce « goût » pour la seconde main. On a vu fleurir un peu partout des « ressourceries » dans lesquelles certain.e.s se délestent d’un trop plein d’objets et de vêtements, tandis que d’autres y trouvent, à petits prix, ce dont ils ont besoin ou de quoi se faire plaisir. Sans parler des sites de revente en lignes.

Il est pourtant certains objets dont on ne se départit pas facilement, objets hérités, objets achetés sur un coup de cœur, objets rapportés d’un voyage, objets reçus en cadeau, objets qui ravivent la mémoire, évocateurs de moments, de personnes, de lieux qui ont eu de l’importance dans notre vie. 

Notre rapport aux objets est souvent complexe, il fluctue d’une période de la vie à l’autre et ce rapport aux objets a souvent été questionné par des sociologues et des ethnologues, qui ont commis quelques ouvrages, fort intéressants au demeurant. Dans la littérature, les objets peuvent aussi être au cœur du propos des auteur.e.s, particulièrement dans le champ autobiographique ...". 



 

« Le rôle de l’écrivain est de toucher nos coeurs »


Un entretien avec l'écrivain  Colum McCann, paru sur le site de la FETE DU LIVRE DE BRON, le 5 janvier 2024


Soucieux de l’état du monde, Colum McCann le sonde à travers Diane Foley. Une femme d’une force incroyable, qui a connu un drame effroyable : la prise d’otage et la décapitation de son fils, le journaliste James Foley. C’est face à l’un des assassins de ce dernier, que sa mère nous pose la question du pardon. Un récit puissant, essentiel en ces temps de guerre et de haine...


  • L'intégralité de l'entretien ICI ou ICI



 

L'année 2023 dans le rétroviseur : les auteurs et autrices belges lauréats et finalistes de prix littéraires. 


Le site LES CARNETS ET LES INSTANTS, le blog des Lettres belges francophones, en fournit la liste


De nombreuses autrices et auteurs belges se sont mis en évidence en remportant des prix littéraires, ou en figurant parmi les finalistes, en Belgique ou à l’étranger. Le tableau d’honneur de l’année 2023.


Voir ICI


 

Iran - La poésie, bande originale des révoltes populaires


Un article de la revue ORIENT XXI, paru le 28 décembre 2023


Dans un pays féru de poésie, la tradition littéraire exprime souvent les colères populaires. Entretenant le souvenir de ceux qui se sont battus au fil des siècles pour les libertés, les strophes des poètes sont autant de jalons d’une histoire marquée par les révoltes contre l’arbitraire depuis le début du XXe siècle.


"Souviens-toi de la bougie éteinte, souviens-toi"

En Iran, ce vers est connu de tous. Si beaucoup de gens ignorent le nom du poète et le contexte dans lequel le poème a été écrit, ces mots sont subtilement entrés dans l’âme collective. Les citations et les références poétiques font partie de l’imaginaire des Iraniens. La poésie est l’un des éléments indispensables pour alimenter et transmettre les expériences individuelles et surtout collectives...




Agents à demeure


Un article de En Attendant Nadeau du 27/01/2021, à propos du livre LE METROPOL d'Eugen Ruge


L'écrivain allemand Eugen Ruge s’est rendu célèbre en 2011 avec la parution de son premier roman, Quand la lumière décline, immédiatement traduit en français (et bientôt adapté pour le cinéma). Il dépeignait la vie de plusieurs générations de sa propre famille, celle de communistes allemands réfugiés dès 1933 en Union soviétique. Le Metropol n’en constitue pas une suite, mais propose un retour – documents à l’appui – sur la période où la grand-mère de l’auteur fut assignée à résidence dans le célèbre hôtel moscovite où un seul étage la séparait du redoutable Vassili Vassilievitch Ulrich, président du Collège militaire de la Cour suprême qui signa durant les « grandes purges » d’innombrables sentences de mort...




 

Agnès Desarthe, la vérité dans les mots


Un entretien dans L'ORIENT LITTERAIRE de Beyrouth, le 4 janvier 2024


Le Château des Rentiers (éditions de l’Olivier, 2023) est le nom d’une rue, celle où habitaient des grands-parents immigrés, venus d’Europe de l’Est. Dans leur immeuble, Boris et Tsila se sont installés avec leurs amis d’exil et ont inventé une vie en communauté ; ils évoluent et vieillissent dans les souvenirs et dans la joie, sous le regard attentif et séduit de leur petite-fille. Devenue adulte, la narratrice se réapproprie ce qu’elle considérait comme une utopie, et interroge l’enfance mais aussi, les parcours et les rêves de ses ancêtres, dans un croisement temporel permis par une écriture investigatrice nourrie de mots, d’expériences sensorielles et d’imaginaire. « Vieux au château des rentiers, était synonyme de temps. Non pas du peu de temps qu’il reste, mais du temps dont on dispose pour faire exactement ce que l’on a envie de faire. » ....


  • L'intégralité de l'entretien ICI ou ICI

 

Trois notes de lecture à propos de trois livres de Imre Kertész


Trois articles parus sur le site EN ATTENDANT NADEAU (2016, 2017 et 2024)


1*- Imre Kertész (1929 – 31 mars 2016) :

"L’insaisissable humour d’Imre Kertész, son esprit (« si on peut considérer que la vérité pitoyable et nue est un trait d’esprit », Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, chez Actes Sud, où ont paru les traductions françaises de ses livres) ; sa culture, qui le fait dialoguer avec d’autres écrivains qui ont survécu à Auschwitz, comme Tadeusz Borowski, Jean Améry, Primo Levi, mais aussi bien avec Robert Musil (et son incompréhensible personnage d’assassin, Moosbrugger), avec Schopenhauer et bien sûr Thomas Bernhard ; ou avec Stardust Melody ou la neuvième symphonie de Mahler..."



2*- Le Sisyphe des lettres européennes :

"Alors que presque toute l’œuvre d’Imre Kertész est traduite par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, et publiée aux éditions Actes Sud, paraît chez le même éditeur un essai biographique, Imre Kertész : « L’histoire de mes morts », écrit par Clara Royer, une des spécialistes de l’auteur en France. Cette parution donne une belle cohérence éditoriale à un écrivain devenu un classique de la littérature européenne..."



3*- Imre Kertész : « Vivre et écrire le même roman » :

"Le spectateur est le quinzième livre d’Imre Kertész édité en français dans une traduction dont la réussite fait presque oublier que le français n’était pas la langue de l’auteur. C’est aussi le cinquième Journal, après l’extraordinaire Journal de galère paru en 1992 en Hongrie (en 2010 en France), qui ramassait en récit l’épreuve de trente années de communisme hongrois (1961-1991), puis Un autre. Chronique d’une métamorphose (1997-1999) qui évoquait le succès dans une Europe ouverte, enfin Sauvegarde (2004-2012) et L’ultime auberge (2014-2015), où l’auteur nobélisé se débattait avec sa fin de vie, luttant contre la maladie de Parkinson et la stérilité littéraire, consignées avec une lucidité féroce. Même férocité dans Le spectateur, à l’égard de lui-même vieillissant, craignant le déclin de ses forces créatrices. A l’égard, plus encore, de la société post-communiste hongroise, et de ce qu’il appelle « l’époque fasciste », formule empruntée au Thomas Mann des années 1950..."




Ses livres chez

Actes Sud


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